pretend to be sick? easy. | kat & melody

Pretend to be sick? Easy.

Ah, le collège. Melody avait tellement hâte d'y mettre les pieds lorsqu'elle était encore à l'école primaire où on faisait encore pas mal de choses qu'elle jugeait "bêtes". Apprendre à lire, apprendre à écrire les chiffres jusqu'à mille, la géographie, les mathématiques... enfin, non, pas les maths. C'est dur, les mathématiques. La petite blonde n'a jamais vraiment eu difficulté à ce sujet. Elle a des difficultés comme tous les enfants, mais elle s'en sort plutôt bien. Elle apprend vite, elle a de bonnes notes. Tout se passe super bien, de quoi rendre fier toute la famille. Bref, Melody, elle avait super hâte d'aller au collège pour arrêter de faire des trucs de bébé. Elle voyait les choses en grand. Elle voulait avoir des cours plus sérieux, plus intéressants. Du moins assez intéressants pour une gamine comme elle, diagnostiquée comme étant surdouée. On lui a en plus vendu le collège comme un rêve, et elle ne veut même plus y aller. Trop de devoirs à faire, des professeurs un peu trop sévères qui se mettent à crier à la moindre bêtise, des camarades parfois un peu méchants, puis sans parler de ce garçon qui veut toujours rester avec elle lors de la récréation alors qu'elle préfère être avec ses amies... une vraie plaie.

Ce matin, Melody savait très bien à quoi sa journée allait se résumer. Une heure et demie d'anglais, deux heures de géographie. Puis deux heures d'histoire l'après-midi et une heure et demie de sport, du basket, en plus. Une mauvaise journée, un mauvais jeudi, en soit. Melody s'est levée à 7h, heure habituelle, trente minutes plus tôt qu'avant, lorsqu'elle allait encore à l'école primaire. C'est quand même trop tôt. Neuf heures de sommeil, c'est pas assez... Les cheveux en bataille, sa tête écrasée contre son oreiller, elle a entendu son téléphone vibrer il y a quelques minutes mais n'y a pas fait attention. C'est sa mère qui l'a vraiment réveillée en l'appelant à mainte reprises depuis la cuisine, où mère et fils étaient sûrement déjà en train de se préparer pour leur journée.

Melody a beau "apprécier" (et encore, c'est un grand mot) aller à l'école, elle n'en a pas envie. Pas ce matin. Elle n'a pas envie d'aller faire du basket, elle n'a pas envie de passer cette interro de géographie pour laquelle elle n'a pas révisé, ni envie de se faire hurler dessus par Mr. Spyer parce qu'elle n'a pas eu la force (ou plutôt l'envie) de faire ses devoirs. Non, elle préfère trouver une raison qui pourrait l'empêcher d'assister à ses cours de la journée. Son téléphone est son meilleur-ami, encore plus ce matin. Elle fait quelques recherches sur internet puis attérit sur un forum sur lequel elle lit des astuces pour passer pour malade. Est-ce qu'elle tente, est-ce qu'elle ment à sa mère ou est-ce qu'elle va à l'école ? Elle hésite quelques secondes, puis se lève finalement de son lit. "J'arrive !" Qu'on l'entend crier depuis sa chambre, d'une voix faible, pas encore remise de ces neuf heures de sommeil. Ses pieds nus traînent sur le plancher gelé, puis l'adolescente entre dans la salle de bain, prenant bien soin de fermer la porte derrière elle. La blonde ouvre un tiroir de leur meuble de salle de bain, saisit le thermomètre que sa mère utilise toujours sur son frère et elle lorsqu'ils sont malade puis le passe sous l'eau bouillante le temps de quelques secondes avant de l'essuyer et de le ranger dans son étui, ni vue ni connue. Elle attrape un gant de toilettes, le trempe à son tour sous l'eau chaude puis le plaque une bonne minute sur son front avant de le jeter dans le panier à linges sales et de quitter la salle de bain, sûre que son plan va fonctionner.

Et il fonctionne. Sa mère prend un air inquiet lorsque Melody lui annonce qu'elle a mal à la tête, et très chaud. Elle semble encore plus inquiète lorsqu'elle pose une main sur le front de sa fille et découvre une chaleur très forte. Assez forte pour faire penser à une fièvre, mais pas assez pour l'emmener aux urgences non plus. Pour confirmer ses doutes de maladie, la mère emmène sa file à la salle de bain et vérifie sa température avec le thermomètre. 38,0 °C. Youpi, Melody est en week-end plus tôt ! Grace se trouve dans une impasse, Elijah déjeune de son côté, éprouvant sûrement un peu de jalousie pour sa soeur qui aura la possibilité de passer la journée à la maison, tranquillement. Melo essaye de convaincre sa mère qu'elle peut rester seule à la maison, mais malade, sa mère ne veut pas courir de risques. Un coup de fil est passé, et Melody apprend que c'est sa tante qui va passer la journée à ses côtés. Elle ne se décide pas à appeler le médecin, se doutant que Kat le ferait si la situation empirait. Les deux femmes discutent quelques minutes au téléphone, Kat reçoit des instructions assez évidentes comme celle de surveiller l'état de santé de sa fille pour voir si sa température augmente ou non au fil de la journée... Rien de très difficile, en soi. Melody cache sa joie et écoute sa mère qui décide de l'installer dans le canapé. Un oreiller mou sous le crâne, deux grosses couvertures autour d'elle, un bol de céréales dans le canapé. La vie de rêve. Grace lui administre des médicaments, passe quelques minutes avec sa fille avant de partir et de lui dire que Kat arrive dans quelques minutes.

Melody regarde ses dessins-animés favoris avec un petit sourire aux lèvres, absolument ravie que son petit mensonge soit si bien passé. À elle les deux jours de repos en pyjama, à rien faire d'autre que regarder la télé et passer du bon temps.

Pretend to be sick ? Easy.
Melody & Kat (Chez les Fordham | Fev 2019)

Un jour de repos. Enfin. Kat pourrait en profiter pour lambiner un peu dans son lit, en cette matinée de liberté. Bon, peut-être pas tant que ça avec les parents Miller qui, dans leur grande discrétion, l’avait réveillée tôt. Très tôt. Trop tôt. Il fallait vraiment qu’elle se le trouve, cet appart à elle toute seule, ou une chambre quelque part, ou pourquoi pas une colocation. Ce serait bien oui, une colocation. Entre son caractère très sociable et son petit budget, ce serait parfait. Petit problème : personne ne voulait s’installer à Redwood Hills à cause de cette fichue secte, et encore moins avec Kat et ses manies à ne pas rester sur place longtemps. Dommage, ils ne savaient pas ce qu’ils rataient. Bon, d’accord, pour la secte, ce n’était pas une grosse perte. Mais la petite ville avait tellement d’autres choses à offrir. Bref. Le résultat était le même. La jeune femme était réveillée bien trop tôt en plein jour de repos, et ça, ça la mettait en rogne. Rien de bien violent, mais tout de même. Changement de programme, donc. Kat opta pour un petit footing dans le quartier, et dans le froid, pour se remettre d’aplomb. Une bonne bouffée d’air frais ne lui ferait que du bien. Elle sortit donc courir quelques minutes avant d’être dérangée. Encore ?! Cette fois, c’était son téléphone qui sonnait. Grace. Étrange, à cette heure-là.

Sans attendre, la jeune femme décrocha. Elle avait besoin d’un coup de main. Melody était malade et elle se retrouvait dans l’impasse, à devoir partir rapidement à l’école pour Elijah puis au travail. D’accord, d’accord. Elle eut tout de même droit au blabla habituel sur ce qu’elle devait faire. Vérifier sa température régulièrement. S’assurer qu’elle se repose bien. Appeler le médecin si ça n’allait vraiment pas. Le blabla habituel, exactement. Kat n’avait peut-être pas d’enfant, mais elle savait s’occuper des autres. Ce n’était pas si difficile ! Elle prit donc le chemin de la maison, se dépêcha de se doucher puis direction chez les Fordham. Enfin, chez Grace. Ce nom de famille, elle préférait l’éviter, comme toutes les évocations de son ex-mari qu’elle n’avait jamais véritablement apprécié. Mais bref, c’était une autre histoire pour une autre fois. Trouvant la clé toujours dissimulée au même endroit, la jeune femme entra sans attendre et entendit du bruit venir du salon. Quelques pas et elle comprit les différents sons. Un dessin animé. Eh bien, pour une malade, elle ne se gênait pas. Surtout que, d’après ce que lui avait dit sa sœur, Melody était censée avoir mal à la tête. Depuis quand télévision et migraine faisaient bon ménage ? Pas de chance petite, tu étais tombée sur plus forte que toi sur le coup. Et même sur une professionnelle de la tromperie du genre. Entrant dans le salon en espérant que sa nièce ne l’ait pas entendu pour la surprendre, elle s’empressa de se placer en face d’elle. « Alors toi, tu vas pas me faire croire que t’as mal à la tête si tu peux regarder la télé... » Les mains sur les hanches, elle prit ses airs de tante responsable pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas fait les bons choix ce matin en se levant si ses doutes étaient fondés. Melody n’avait plus d’à la convaincre à présent.

Pretend to be sick? Easy.

Maman est partie, Elijah aussi. L'une est partie au travail, tandis que l'autre est parti en classe, là où Melody n'ira pas aujourd'hui, ni demain, avec un peu de chance. Diagnostiquée surdouée lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant, on pourrait penser que c'est un petit génie, qu'elle a tout pour réussir à l'école et qu'elle ne devrait pas se servir de la bienveillance de sa mère et de stupides mensonges pour sécher un jour d'école. Mais c'est totalement faux. Elle a beau en avoir dans le crâne, il lui manque énormément de motivation. Melody n'en parle pas à maman, elle n'en parle à personne mais l'école ne la motive pas. Elle n'aime pas y aller sauf pour y croiser ses copines, elle n'aime pas l'ambiance, la pile de devoirs qui s'accumule à chaque classe dans laquelle elle met les pieds. Elle s'inquiète, elle ne veut pas arrêter l'école mais elle n'a pas non plus envie d'y aller. Melo se dit que c'est qu'une phase, que l'envie d'étudier reviendra. Peut-être que c'est ça, le début de la crise d'adolescence que ses parents redoutaient tant ?

La maison est silencieuse, et les seuls sons qui résonnent dans le salon sont ceux de la télévision. Comme tous les enfants, elle est aussi passionnée de dessins-animés. Disney Channel, Cartoon Network et Nickelodeon sont ses meilleurs amis. Passant pour malade, elle en a conclu que la meilleure activité à laquelle elle pouvait s'adonner aujourd'hui était de rester allongée devant la télévision, devant un bon épisode de Tom & Jerry comme au bon vieux temps, comme elle avait l'habitude de le faire avec son frère les samedis matins. Seulement, elle ne se doutait pas que ce matin-ci, les choses se dérouleraient d'une façon différente. La pré-adolescente sursaute presque sous ses couvertures lorsqu'une silhouette qu'elle connait très bien se place face à elle, sortie de nulle part, voici Kat, sa tante. Melody la fixe d'un air surpris, les yeux grands ouverts comme si elle avait aperçu un fantôme en pleine nuit et qu'elle doutait de ce qu'elle avait vu. Là, elle n'en doute pas. Elle essaye presque instantanément de prendre un air malade. Un air qui donne l'impression qu'elle est fatiguée et qu'elle ne va pas très bien. Elle toussote, puis lui répond d'une voix douce. Elle sait comment faire craquer les adultes, pas sûr que cette méthode fonctionne sur Kat... "S-Si, bien sûr que si, j'ai même de la fièvre." Elle penche légèrement la tête, passant l'une de ses mains sur son front comme pour lui prouver qu'elle a raison avant de lentement se redresser dans le canapé, voulant embrasser sa joue comme elle le fait à chacune de ses visites mais pour ça, il faut que Kat s'approche. Elle l'adore, sa tante. Elle l'adore encore plus lorsqu'elle revient de ces longs voyages avec des petits sourires des pays qu'elle a pu visiter. "J'ai pas envie de dormir, j'ai trop mal à la tête pour ça." La petite blondinette essaye de se justifier comme elle peut tandis qu'un léger bâillement passe la barrière de ses lèvres, donnant un bref aperçu de son état de fatigue à sa baby-sitter du jour. "Tu crois vraiment que je mentirais pour pas aller à l'école ?" Ose-t-elle lui demander, un petit sourire vicieux venant se poser sur ses lèvres.

La pauvre Melody était malade, et ce qui devait être une journée tranquille à ne rien faire se transforma en journée babysitting de sa nièce adorée. Elle ne tarda pas à rejoindre la demeure familiale pour la retrouver et s’assurer que tout allait bien puis lui tenir compagnie. Non pas qu’elle en avait besoin à son âge, mais Grace ne laissait jamais rien au hasard. Et puis, Kat pouvait bien lui donner un coup de main, en profiter pour discuter de tout et de rien avec la fille de sa sœur qui avait sans nul doute encore plein de choses à lui raconter depuis qu’elle était revenue en ville. La jeune femme pourrait lui raconter ses voyages et la petite ses journées dans le Vermont, les dernières nouvelles d’un point de vue innocent. Ou alors elle dormirait toute la journée à cause de la fatigue, d’un esprit embrumé par la douleur, et Kat en profiterait pour lambiner, cuisiner ou s’occuper de la façon qui l’inspirerait sur le moment. Étrangement, ce plan sembla s’effondrer dès qu’elle mit un pied dans la maison.

La télévision était allumée. Eh bien, la malade ne semblait pas si mal en point. Kat s’empressa de rejoindre le salon et de le faire remarquer à sa nièce. Associés migraine et visionnage de télévision, ce n’était pas l’idée du siècle Melody. Bon, elle avait en effet l’air un peu fatiguée. Mais ça ne semblait pas être si violent. « Ah oui ? Fais voir ça. » Pas très convaincue, elle s’approcha de sa nièce et posa sa main sur son front. Pas de bisou, hors de question si elle était malade. « Mouais. Il est où le thermomètre ? » Aucune chaleur surprenante n’émanait de sa peau, mais la jeune femme voulait en être sûre avant de faire la morale à Melody. Après tout, elle n’avait pas beaucoup d’expérience en thermomètre humain pour fièvre. Elle chercha alors sur la table basse du salon ce qui pourrait l’aider, mais rien. C’est alors que la petite trouva le moyen d’expliquer la télévision allumée. Elle avait trop mal à la tête pour dormir. Mais bien sûr. « Et tu crois que c’est en regardant la télé que ça va s’améliorer ? » Oubliait-elle que tous les adultes avaient été enfants un jour et connaissaient les excuses bidon par coeur pour les avoir tentées avant ? Puis elle tenta presque la provocation. Un culot monstre, cette gamine. « Je ne le crois pas, je sais que tu en es capable, petite futée ! » Qu’elle termina en touchant furtivement son petit nez pour l’amuser, comme elle faisait souvent. Il fallait donc qu’elle trouve ce fameux thermomètre pour confirmer ou affirmer ses doutes. À moins que la rusée ne l’ait caché pour s’assurer de ne pas être démasquée. « Bon, il est où ce thermomètre que je regarde ça ? » Toujours rien dans le salon, il faudrait donc qu’elle fasse un tour dans la salle de bain et fouille dans la petite pharmacie de sa sœur. « Bouge pas de là », ajouta-t-elle dans une fausse menace qui ne paraissait que peu crédible. Surtout quand elle était dirigée vers sa nièce. En quelques secondes, elle tomba sur le thermomètre. « Regarde ce que j’ai trouvé ! » Qu’elle annonça toute contente en retournant dans le salon. « Alors, je le fais ce test ? » Dernière chance d’avouer.

Pretend to be sick? Easy.

Bon, il est certain qu'il y a un problème. Et ça, Melody le réalise à l'instant où Kat fait ses premiers pas dans le salon. Elle ne semble pas croire la petite (fausse) malade contrairement à Grace et Elijah qui ont tout gôbé, et ce, dès la première minute du petit spectacle de la jolie blonde. Kat a plus de facilité à déceler le vrai du faux, et elle n'est pas aussi naïve que la pré-adolescente aurait aimé qu'elle le soit. Ce qui semblait s'annoncer comme une journée de relaxation et de détente est sur le point de tourner au vinaigre si Melody ne réagit pas.

Elle se redresse sur le canapé, quittant sa position allongée pour s'asseoir tout en restant cachée sous sa couverture, bien au chaud. Elle agite les lèvres en direction de sa tante qui s'approche, voulant à tout prix lui donner l'un de ces baisers sur la joue qu'elle lui donne à chaque visite... mais Kat l'esquive et vient poser sa main sur son front pour prendre sa température à la main... et évidemment, à part sa chaleur corporelle, elle ne sent pas grand chose. "J'ai pas la grippe, tu sais..." Elle prend le refus de bisou à la rigolade. Melody tousse pour de faux. Une, deux fois. Parce qu'on sait jamais, ça pourrait marcher...

La petite maline ignore avec succès la question de sa tante. Si elle veut le thermomètre, elle le trouvera elle-même... mais bon, ça ne serait pas bon signe puisqu'à ce moment-là, Melody n'aurait plus d'explications. Peut-être qu'elle aurait dû frotter le gant de toilette bouillant plus longtemps sur son front, mince. "J'aurais pu la garder éteinte, mais j'aurais fait quoi... ? Les dessins-animés, c'est un bon médicament." rétorque-t-elle... dans un sens, elle ne pense pas vraiment avoir tort. Si elle a mal à la tête et qu'elle n'a pas envie de dormir, qu'est-ce qu'elle peut bien faire ? Rester allongée, le regard rivé vers le plafond ? Quel ennui. Elle préférerait encore aller en cours de mathématiques.

"N'importe quooooi." Elle taquine Kat. Elles savent toutes les deux la vérité, de toute façon. La tante sait à quel point Melody est futée, que du haut de ses douze ans, elle est capable de n'importe quoi pour ne pas aller au collège. Melody ne réalise pas la gravité que son absence pourrait avoir... après tout, c'est quoi une journée de collège ? Elle prend tout ça à la rigolade, pas sûr que ce soit le cas de tout le monde.

Kat disparaît à la recherche du thermomètre après qu'elle ait réalisé que Melody ne l'aidera pas à le trouver. Parce qu'elle ignore soi-disant où sa mère l'a rangé, parce qu'elle ne veut pas l'aider non plus. Melody est pleine d'assurance. Elle se dit qu'elle ne le trouvera pas, qu'elle est en sécurité. Mais, et si elle le trouvait ? Elle panique un peu, elle se rallonge dans le canapé et s'enroule dans ses couvertures. Puis l'adulte se montre à nouveau avec le fameux objet dans la main. Si elle avait le droit de jurer, elle dirait un joli "et merde", comme elle l'a déjà entendu à la télé.

Melody reste immobile, les yeux rivés vers celle qui contrôle la situation. Elle se mord la lèvre, visibilement intimidée. Elle essaye de garder un air de fille sûre d'elle... puis elle hoche doucement la tête. Prête à passer à la casserole, elle soulève sa couverture et se redresse en voyant Kat approcher. "Tu sais, j'ai pas que mal à la tête, de toute façon.." À ce moment précis, elle regrette ne pas avoir plutôt dit à sa mère qu'elle avait mal au ventre. Ça, elle n'aurait pas pu le vérifier, si ?

Pas de chance Melody, ta tante n’était absolument pas dupe. Et pour cause, elle aussi avait testé diverses méthodes pour éviter quelques journées d’école. Il y avait eu les classiques, mais aussi des idées plus originales. Tout y passait, tant que ça marchait. C’est ainsi que la dernière des Miller avait échappé à plusieurs cours qui ne l’intéressaient pas. Ou plutôt des évaluations pour lesquelles elle n’avait pas révisé une seule seconde. Rarement démasquée, elle avait toujours su se débrouiller à merveille pour faire croire n’importe quoi à ses parents sans cesse aux petits soins. Alors, les lamentations et explications peu crédibles de Melody n’avaient pas grand effet sur elle parce qu’elle en connaissait tous les ressorts. Pas de bisou, pour la peine. Kat se contenta de jauger la température de la petite de sa main, sans grand succès. Il fallait confirmation, mais le thermomètre ne semblait pas être dans le coin. Et voilà que Melody essayait de la convaincre à nouveau qu’elle était bel et bien malade. Même si ce n’était pas la grippe… « Grippe ou pas, la fièvre reste de la fièvre. Et le thermomètre ne mentira pas ! » Contrairement à toi, petite maligne. Et tousser si faussement ne l’aidait pas dans son mensonge. Défendre la télévision ? Encore moins. Maux de tête et écrans n’étaient pas compatibles. Pas dans l’esprit de Kat, en tout cas. « Te reposer ? La télé c’est pas bon pour tes yeux et ça fatigue ton cerveau. » Et puis, si elle restait à la maison, ce n’était pas pour se la couler douce devant des dessins animés mais bien pour se reposer et reprendre des forces pour la journée suivante. « Alors si t’avais vraiment mal à la tête, tu pourrais pas la regarder ! » Et bim. La brune était aussi douée pour trouver de quoi défendre sa théorie. Comme une enfant.

S’en suivit une expression de fort doute lorsque sa nièce lui assura qu’elle se trompait. En la taquinant, en plus ! Elle se le permettait ! Vivement qu’elle revienne avec ce thermomètre pour faire éclater la vérité au grand jour et la taquiner à son tour ! Kat ne s’en priverait pas, tout en essayant de lui remonter les bretelles. Comme les adultes devaient faire. Elle revint rapidement avec le fameux objet et laissa une chance à Melody d’avouer. Une dernière. Mais toujours rien. Tant pis, elle avait été prévenue. La brune s’approcha et se rassit à ses côtés, la voyant appréhender le coup fatal. Plus que quelques secondes, quelques minutes tout au plus avant qu’elle n’ait la preuve définitive de la supercherie. Ce fut en cet instant qu’elle avoua avoir mal ailleurs. Comme par hasard. « Ah oui ? Et pourquoi t’en as pas parlé plus tôt ? » Parce qu’elle venait de l’inventer sur le moment, sans nul doute. Mais Kat voulait voir jusqu’où sa nièce pouvait aller pour tenir son mensonge. « Alors, voyons voir ça. » Le thermomètre fit son œuvre et… lui donna raison. Victoire ! « Tu maintiens toujours ta version, jeune fille ? » Allez, encore une dernière chance de dire la vérité. Elle était sympa, cette super tante. Elle voulait surtout éviter d’avoir à gronder sa nièce préférée. Et encore moins avoir à appeler sa sœur pour lui dire qu’elle emmenait sa fille à l’école en lui expliquant la situation.