Le 20 avril, c'était une journée particulière… l'anniversaire de Casey. Et puis ils avaient prévu quelque chose de nouveau pour l'un et l'autre. Casey allait finalement présenter un homme à sa Granny et Nate allait enfin rencontrer un membre de sa famille. Gladys Connor était rentrée depuis moins d'une semaine, Casey avait déjà été la voir deux fois pour qu'elle puisse lui raconter tous les détails de son voyage et que Casey puisse lui raconter ce qu'il s'était passé dans sa vie. Granny Connors était absolument ravie d'ailleurs, elle insistait depuis son retour pour les inviter tous les deux à manger. Casey avait réussi à la faire tenir patience, mais c'était les dernières limites de sa grand-mère, elle le savait. Alors après moults réflexions, ils avaient décidé que son anniversaire serait une bonne occasion de faire cette fameuse rencontre. Casey était un brin nerveuse et pas vraiment, bien sûr, elle espérait que cela se passerait bien entre les deux, parce que sa granny était un peu la seule personne de sa famille avec qui elle avait un bon contact et régulier et Nate… et bien, il était devenu aujourd'hui sa famille. Elle n'avait pas insisté sur trop de points avec Gladys, juste celui d'éviter le sujet enfants, parce que cela faisait trop peu de temps qu'ils étaient ensemble et qu'il fallait leur laisser du temps. Elle lui avait également parlé de la petite Joyce et sa Granny était impatiente de la rencontrer également cette petite qui n'avait pas de grand-maman dans le coin, elle avait déjà décidé de servir de grand-mère, de ça, Casey était certaine.

Elle sortit de la salle de bain pour rejoindre son homme dans leur chambre et posa un baiser sur ses lèvres. Elle portait une jolie petite robe bleue et une paire de ballerine assorties. De nouveaux achats qu'elle avait fait pour sa fête. "Tu es prêt à rencontre la tornade qu'est ma grand-mère ?" Elle lui sourit et lissa les bords de sa veste dans un geste qu'elle avait pris l'habitude de faire avec lui. "Je te préviens, il va y avoir beaucoup trop à manger et puis si tu veux changer de sujet, tu peux toujours parler de Joyce. Elle meurt déjà d'envie de la rencontrer. Elle a décidé que c'était trop triste qu'elle ait pas de grand-mère dans le coin, elle veut jouer les grands-mamans de substitution je crois. Ou sinon, lance là sur la salsa bien que tu risques d'être encouragé à en prendre des cours…" Elle sourit, amusée. "Tu veux plus de mise en garde ou je te garde la surprise ?" Serrant doucement sa main, ils étaient prêt, alors ils se dirigèrent vers la porte. Ils avaient décidé d'y aller à pied vu que le temps était doux. Ils avaient rendez-vous autour de 17h30 pour un apéritif et puis le repas était toujours servi très tôt chez la vieille dame. "Oh, et attends-toi à ce qu'elle sache déjà des choses sur toi… je lui ai parlé un peu de toi et puis elle a sûrement fait marcher son réseau pour en savoir plus, c'est une curieuse et elle connaît à peu près tout ce qui se dit sur tout le monde. Enfin elle est sûrement en retard après ses longues vacances au soleil…" Il n'y avait que quelques minutes de marche et elle avait hâte et était un peu nerveuse, elle voulait que tout se passe au mieux. Et les deux personnes qu'elle aimait le plus au monde, et bien, ils avaient tous les deux un caractère bien trempé.

Un an, déjà. Un an qu’il lui avait offert ce collier si particulier, original. Surtout quand on ne connaissait pas la passion de la jeune femme pour les pingouins. Cependant, lui la connaissait, et c’était tout ce qui lui importait. Le professeur en riait d’ailleurs, régulièrement, mais la vérité était qu’il la trouvait adorable. Casey, et cette passion un peu enfantine. C’était exactement ce qu’il lui fallait pour apprécier à chaque fois la vue de ce simple objet et sourire, heureux. Pour lui rappeler les hauts et les bas de leur relation qui s’était renouée après la découverte de cet éclat doré à son cou, quand il n’avait pas encore réussi à chasser cette idée fixe de son esprit. Celle qui lui criait qu’elle ne voulait plus de lui après ce qu’il lui avait fait. Eh bien, elle avait eu tort. Elle s’était trompée, cette voix, en lui répétant sans cesse qu’il ne valait plus rien à ses yeux. Elle s’était trompée, parce qu’ils étaient enfin ensemble comme ils devaient l’être. Pleinement. Sérieusement et passionnément à la fois, sans que les mois ne les entraînent dans une routine ennuyeuse. Bien sûr, leur vie commune avait créé des habitudes, mais jamais une triste routine. Jamais. Et l’anniversaire de la jeune femme était l’occasion idéale de montrer à leur quotidien qu’ils pouvaient aussi sortir de leur zone de confort. De toute façon, ils n’avaient pas trop le choix. Casey le lui avait fait comprendre dès le retour de sa grand-mère. La fameuse Granny Connors dont il avait tant entendu parler. Ce serait en fin d’après-midi, qu’il ferait sa rencontre. Jamais il n’avait été aussi nerveux.

Et s’il ne lui plaisait pas ? Et si elle ne le trouvait pas assez bien pour sa petite-fille ? Et si la rencontre ne se passait pas bien ? Que se passerait-il ? C’était bien trop d’enjeux, même si Nate ne doutait pas de son charme naturel. Tout à fait, et en toute modestie. Oh, il ne montrait rien de toutes ces questions qui lui embrouillaient l’esprit, mais il n’était pas dupe. Casey devait le comprendre, puisqu’il faudrait qu’un jour elle aussi rencontre sa famille. Enfin, sa mère. Bref. Inutile de divaguer sur d’autres préoccupations. Celles du jour étaient bien suffisantes. Casey choisit cet instant pour sortir de la salle de bain, parfait. Elle aussi l’était d’ailleurs, dans cette petite robe bleue qui faisait ressortir la clarté de ses yeux. Accueillant avec plaisir son bref baiser, il déposa machinalement une main sur sa taille qui glissa vers son dos et sourit à sa question alors qu’il la rapprochait légèrement de lui. Puis elle lissa les bords de sa veste, comme toujours, en un geste attentionné. Dans un sourire, il lui sortit qu’il était prêt, « plus que jamais », avant de l’observer à nouveau. Toujours aussi amoureusement. C’était sa journée, il fallait qu’elle soit parfaite. Vinrent ensuite les conseils et avertissements. Des petites choses dont elle lui avait déjà parlé, mais quelques rappels ne feraient pas de mal. Il y aurait beaucoup à manger. Parfait. Joyce ferait une parfaite excuse pour changer de sujet si jamais la conversation ne tournait pas comme il le souhaitait. Ou la salsa… Oui, bon, il éviterait de parler de salsa. Toujours souriant, il sentit la main de la jeune femme trouver la sienne pour la serrer. Main qu’il approcha de ses lèvres pour les y déposer dessus, contact tendre qu’il substituait au baiser sur son front de temps à autre. « Ça ira, un peu de surprise ne fera pas de mal. » Tant qu’elles n’étaient pas mauvaises, ces surprises. « Et j’ai prévu les photos de Joyce, au cas où... » Une petite sélection, du moins, dans un dossier spécial sur son téléphone pour ne pas les mélanger avec tout et n’importe quoi. Même s’il n’y avait rien de véritablement compromettant sur ce téléphone.

Ils se mirent en chemin quand Casey décida de le prévenir à nouveau. Pas d’inquiétude si elle sortait des informations ou anecdotes qu’elle n’était pas censée connaître. C’était une curieuse bavarde, voilà tout. Eh bien, ça ne le rassurait pas tellement… Mais il n’avait pas vraiment d’autres choix que de suivre la jeune femme, bien qu’il se permit une plaisanterie au passage. « J’espère qu’elle aura pas trouvé le cadavre planqué dans le jardin alors… » Qu’il ponctua d’un sourire amusé. Peut-être pas un cadavre, mais il y avait sans nul doute quelques noms et histoires qu’il n’aimerait pas entendre. Bien qu’il ne sache lesquels pour le moment. Ils sortirent de la maison, Nate n’oubliant pas un petit sac pour que le repas se termine en beauté. Que serait un anniversaire sans cadeau ? Oh, et il y avait un petit quelque chose pour Granny Connors, une boîte de chocolats et une bonne bouteille qu’ils pourraient déguster dans la soirée. Et les voilà sur la route. Un pas après l’autre, métaphore de cette nervosité qui grandissait en lui. Jusqu’à atteindre son paroxysme alors qu’ils arrivaient devant la demeure de leur hôte. Pourvu que ça se passe bien.

Alors qu'elle se préparait dans la salle de bain, elle avait observé durant quelques minutes le collier qu'elle portait autour de son cou, ce fameux pingouin qu'il lui avait offert pile poil un an auparavant. Elle ne put que sourire dans le miroir d'ailleurs avant de sortir de la salle de bain. Elle se réjouissait de cette soirée, même si elle savait que son homme devait stresser un peu. Évidemment, il essayerait de cacher le tout sous une belle couche de vernis, mais elle voyait parfaitement à travers son jeu, toujours. Ou presque du moins. Ce collier était un symbole puissant à ses yeux, elle ne l'avait presque jamais quitté depuis qu'il le lui avait offert. Il avait passé deux jours dans son armoire mais il avait vite été rangé dans son portefeuille, parce que même au fond du trou, ses sentiments n'avaient en rien changé. Mais elle préférait ne pas trop penser à cette période, c'était bien mieux de simplement profiter de ce que la vie lui avait offert et de cet homme qu'elle aimait. Une douce routine s'était installée entre eux, dans cette vie à deux qu'il se créait. Elle ne s'ennuyait pas une seule minute avec lui d'ailleurs. Dès qu'elle fut sortie de la salle de bain, elle alla dans ses bras, un baiser et puis elle lissa délicatement sa veste, comme elle appréciait tant le faire. Le regard de son homme sur elle la fit sourire, il appréciait et ça se voyait. Était-il prêt ? C'était toute une question et malgré sa réponse assurée, elle savait qu'il flippait un peu.

Amusée, elle lui fit part de quelques recommandations quand il s'agissait de sa grand-mère. Elle savait parfaitement que celle-ci pouvait être du genre intense. Et elle lui fila quelques conseils, celui de parler de sa Joyce ou alors de salsa… bien que la salsa pouvait être un sujet dangereux. Elle saisit sa main et la serra doucement. Casey était totalement confiante, elle savait que Gladys allait apprécier Nate, elle misait même sur "adorer" d'ailleurs. Elle lui sourit tendrement quand il posa ses lèvres sur sa main pour l'embrasser délicatement et rit à sa réponse. Il n'avait pas besoin de plus de détails, mais il avait déjà prévu des photos de sa fille au cas où. "Je pense qu'elle voudra les voir quoi qu'il arrive et qu'elle te fera promettre de la lui présenter. Granny n'a pas d'arrière-petits-enfants et elle en veut depuis que ses petits-enfants ne sont plus si petits que ça." Elle se hissa un nouvelle fois sur la pointe de ses pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres et puis ils se mirent en route. Il ne fallait pas être en retard. Nate attrapa au passage un petit sac déjà tout prêt et elle tenta d'y jeter un œil. Il y avait bien sûr un petit quelque chose pour sa granny, mais y-avait-il également un petit quelque chose pour son anniversaire ?

Tout en marchant dans la rue en direction de la maison de sa grand-mère, elle le mit en garde sur encore une chose, le fait que sa granny avait tendance à tout savoir, une vraie commère. Elle sourit à sa remarque, ravie qu'il le prenne comme cela. Ils marchèrent tranquillement mais arrivèrent vite. Arrivé devant la maison, elle serra sa main un peu plus fort. "Tu verras, elle va t'adorer." Un dernier baiser et puis elle l'entraîna à la porte. Elle sonna et la porte s'ouvrit dans les secondes qui suivirent. Les deux femmes se serrèrent dans les bras un instant et puis Casey montra Nate en venant lui prendre la main. "Et voilà Nate. Nate, Gladys Connors." La grand-mère de Casey était encore vêtue pour le soleil… pantalon en coton blanc, une chemise qui ressemblait à de la soie ample. Elle était rayonnante à vrai dire. Casey secoua la tête. "Granny, tu te crois encore sous les tropiques !" Gladys haussa les épaules après avoir salué Nate chaleureusement. "Alors voilà le fameux Nate de ma Casey." Elle regarda sa petite fille un instant. "Tu as plutôt bon goût, il est bien fait ce jeune homme…" Casey rougit et se mit à rire. "Granny ! Commence pas à faire du charme à mon homme, je te connais !" Gladys se mit à rire tandis que Casey faisait un clin d'œil à Nate. "T'inquiètes pas. Je veux pas être blessante, mais tu es bien trop jeune pour moi. D'ailleurs, tu peux me tutoyer aussi. Enfin tu dois. Allez venez les enfants, on va s'installer au salon."

Attentif, il reçut tous les conseils qu’il pouvait. Le professeur aurait pu lui demander de garder le silence pour user de sa personnalité qui pouvait se montrer tout à faire charmante et agréable, pourtant, il ne le fit pas. Non pas qu’il doutait en ses capacités à rendre cette rencontre parfaite, mais on n’était jamais trop prudent. Et, avec cette fameuse Granny Connors, il préférait mettre toutes les chances de son côté. Ils plaisantèrent tout de même. Par chance, il y avait Joyce pour le sortir de toute situation délicate, au cas où, bien qu’il n’ait pas toujours été certain, lorsqu’il avait réfléchi à cette soirée ces derniers jours, qu’amener sa fille dans la conversation soit la meilleure des choses. Et si elle faisait l’indiscrète et le questionnait sur la mère ? Et si, encore pire, elle lui demandait quand il comptait lui offrir un arrière-petit-enfant ? Tellement de questions, d’interrogations. Ce n’était pas bon pour son coeur et son esprit qui doutaient parfois que cette rencontre soit une bonne idée. Alors que c’en était une, absolument. Et puis, Nate savait à quel point cela comptait pour Casey. Qu’il rencontre la personne qui comptait le plus dans sa vie. Enfin, pas plus que lui, il l’espérait égoïstement. Ce fut, malheureusement pour le brun qui commençait à se sentir nerveux, rapidement le moment de quitter la maison. Arriver en retard pour une telle occasion ne ferait pas bon genre, et c’était absolument ce que Nate voulait éviter. Au contraire, il voulait apparaître comme le gendre idéal pour s’assurer de la bénédiction de cette femme qu’il ne connaissait pas encore. Et si… ? Non, stop. Il fallait arrêter avec tous ces ‘et si’… Le brun attrapa donc un sac déjà prêt puis abandonna leur cocon avec la jeune femme à ses côtés pour la grande aventure que seraient les prochaines heures.

La marche fut lente, pour ne pas brusquer Nate et lui laisser le temps d’appréhender le moment. Dans les deux sens du terme. Pour s’y préparer et la comprendre, certes, mais aussi pour angoisser. Et tous ces ‘si’ qui revenaient en son esprit. Une véritable torture. Pourquoi paniquait-il, lui qui s’imaginait renvoyer l’image de l’homme parfait ? Très bonne question. Et il ne trouva pas de réponse, encore moins alors que la porte de la grand-mère de sa compagne s’approchait. C’est alors qu’il sentit la main de Casey serrer un peu plus la sienne, avant de le rassurer une dernière fois. Un dernier baiser qui lui donna du courage, un sourire de sa part pour se convaincre que tout allait bien se passer. Et cette sonnerie qui manque de lui arrêter le coeur, un peu plus lorsque la porte finit par s’ouvrir. Il la reconnaissait bien, la fameuse Granny Connors, d’après toutes les photos qu’il avait vues. Bon, il était un peu surpris par ses vêtements, mais il serait bien fou de faire une remarque. Observant la scène, il laissa Casey s’approcher et saluer sa grand-mère, ce qui lui laissa quelques secondes de répit. Ou d’attente affreuse, au choix. Le sourire accroché aux lèvres, il sentit son coeur s’emballer un peu lorsque son tour arriva. Mais rien ne parut, évidemment. Il salua leur hôte et… merde, il n’avait pas demandé pour la suite. Lui tendre la main ? L’enlacer ? Question stupide, mais question qu’il se posa tout de même. Par chance, il n’eut pas à décider et passer pour un idiot, au cas où il aurait fait le mauvais choix, puisqu’elle l’enlaça brièvement. Pour lui signifier qu’il était autant chez lui ici que Casey, peut-être. Pour une fois, il ne trouva rien à dire et remercia intérieurement Casey de ne pas avoir laissé un silence s’installer en faisant une remarque. Ah ! Il n’était pas le seul à le penser, alors. Mais bon, qu’est-ce que ça changeait ? Rien. Il rit légèrement et commença à se sentir observé. Vraiment observé. Le fameux Nate. Ça lui plaisait d’entendre ça, ce qui dut se voir à son sourire. Oh, Casey l’avait sûrement prévenue qu’il était plutôt du genre fier. Et la sentence tomba. Encore mieux ! Si elle n’était pas avare de compliments, ils s’entendraient particulièrement bien. Surtout si les compliments étaient pour lui, bien sûr.

C’était étrange, cette sensation de n’être qu’observateur d’une situation où il ne savait se placer. Les laisser se retrouver toutes les deux ? S’imposer dès maintenant ? Il n’avait pas pensé à tout ça, à tous ces petits détails qui pourraient avoir raison de tous les efforts fournis. De toute façon, ces questionnements l’empêchèrent d’en placer une (ou était-ce les bavardages de ces deux pipelettes ?), il ne put que sourire et rire des remarques qui fusaient. Il finit tout de même par caser une plaisanterie lorsqu’elle s’adressa à lui plus directement avant de les inviter à entrer. « Mince, moi qui pensais avoir mes chances ! » Remarque ponctuée d’un léger rire. L’humour pouvait masquer toute nervosité, non ? Même l’humour parfois maladroit de Nate, il l’espérait au moins. Pour une fois, il entra avant la jeune femme pour découvrir la maison. Enfin, la redécouvrir, après y être passé rapidement lorsqu’ils avaient récupéré quelques affaires de Casey quand elle s’était installée chez lui. Il s’avança ensuite dans le salon avec la jeune femme, suivant Granny Connors sans tarder et posa le sac sur la table basse. Oh, ça lui rappelait qu’ils avaient apporté quelque chose pour elle et le repas. La nervosité lui faisait oublier les politesses. « J’allais oublier ! » Qu’il lâcha spontanément à cette pensée. « Pour vous remer… te remercier de nous accueillir ce soir. » Après un sourire pour presque s’excuser de son erreur, il sortit la boîte de chocolats et la bouteille de vin avant de les donner à leur hôte, tout sourire. Et d’oublier la requête du tutoiement par la même occasion. « Si vous voulez l’ouvrir ce soir, ou plus tard. Avec... » Mince, il avait oublié le nom de son compagnon. Est-ce que Casey lui avait dit ? Sûrement. Mais, avec toute cette nervosité, Nate en perdait ses moyens… Oh, Granny Connors ne le remarquerait pas puisqu’elle ne connaissait pas la mémoire infaillible du professeur. Mais Casey… D’ailleurs, si elle pouvait venir à son secours rapidement, ce ne serait pas de refus.

Observant Nate alors qu'ils marchaient tous les deux dans la rue était intéressant. Elle voyait bien que son cerveau fonctionnait à cent à l'heure. Il ne montrait rien, évidemment, mais elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il se posait des centaines de questions et qu'il stressait un peu. Elle avait essayé de le rassurer un peu, mais elle l'avait également mis en garde, sa grand-mère ne lui ressemblait pas tant que cela, elle était beaucoup plus intense que Casey. Ce qui était certain, c'était que cette rencontre était très importante aux yeux de la jeune femme. Elle adorait sa grand-mère et elle espérait bien que l'homme qui partageait sa vie s'entendrait bien avec sa granny. La famille avait un rôle important dans sa vie, enfin sa famille, c'était sa grand-mère, ses parents ne rencontreraient pas avant longtemps son homme et elle s'en fichait s'il s'entendait bien avec eux ou pas du tout. La femme qui l'avait élevée, c'était sa grand-mère. Lorsqu'ils arrivèrent devant la maison, elle serra un peu plus fort sa main et lui offrit un baiser tendre pour lui offrir son courage. Elle finit par sonner à la porte et prit les devants afin de laisser quelques instants à son homme et puis elle mourrait d'envie de prendre sa granny dans ses bras puis sa granny offrit une accolade à Nate. Elle put donc enfin se moquer gentiment d'elle et de ses vêtements. On pouvait croire être arrivé en Californie, elle l'étonnerait toujours et la ferait toujours rire cette femme.

Le fameux Nate. Gladys marquait des points, aucun doute, elle vit tout de suite le sourire de son homme. Il était irrécupérable. Et sa grand-mère aussi, Casey rougit tandis qu'elle confirma que sa petite-fille avait bon goût. Une petite plaisanterie sur le fait de ne pas faire de charme à son homme et sa granny qui annonçait simplement qu'il était bien trop jeune pour elle. Elle ne put que donner une tape sur l'épaule de son homme quand il affirma avoir cru avoir ses chances. Une plaisanterie qui plairait sûrement à sa grand-mère. "Vil charmeur !" Et c'était un sacré compliment dans la bouche de Gladys. Ils finirent donc tous les trois par entrer dans la maison et furent emmenés au salon. Nate se rappela avoir emmené quelque chose et lui remit les chocolats et le vin en s'emmêlant les pinceaux au sujet du tutoiement d'ailleurs, ce qui n'étonnait pas vraiment la jeune femme. "Avec John, si tu n'as pas changé entre temps… c'est toujours John ?" Gladys se mit à rire en souriant. "Toujours John. Mais il ne sera pas là avant plusieurs semaines, alors autant profiter de ce vin. Et puis si tu arrives pas à me tutoyer, je t'en voudrais pas. Je suis une vieille femme après tout." Elle leur fit un clin d'œil et puis leur demanda si le vin leur conviendrait tout de suite, la réponse fut positive et elle disparut un instant dans la cuisine attenante. Casey se pencha légèrement sur son homme. "Alors une première impression ?" Elle l'embrassa tendrement. "Elle est intense mais absolument adorable, je t'assure."

Après une dizaine de minutes, Granny Connors revint, avec un plateau et des verres à vin ainsi que de petites choses à grignoter qu'elle déposa sur la table basse avant de servir un peu de vin dans un verre qu'elle tendit à Nate. "Tu dégustes ?" Elle observait pas mal Nate, le jaugeant autant qu'elle le pouvait, elle voulait savoir si c'était un homme bien. Elle s'était déjà fait un avis par ce qu'elle avait entendu, mais elle voulait le confirmer ou l'infirmer ce soir. À vrai dire, pour le moment, il lui plaisait bien et elle voyait à quel point sa petite fille semblait heureuse près de lui et pour la grand-maman qu'elle était, c'était l'essentiel. Une fois le vin dégusté, elle le servit et les trois trinquèrent avant d'en boire une gorgée. "Bon goût en vin, bon goût en femmes, tu marques des points." Elle sourit, amusée par sa propre plaisanterie. Casey allait rougir toute la soirée si elle continuait comme ça. "J'espère que tu prends bien soin de ma petite. C'est un amour et elle n'a pas eu beaucoup de chances. J'ai pourtant bien essayé de la caser. Elle t'a parlé des petites séances blind date chez moi ? Dommage que je sois pas tombé sur toi, je t'aurais sélectionné sans mal." "Granny !" Mais Casey se mit à rire. "Et Casey m'a dit que vous aviez une petite, elle a quel âge cette princesse ? Il faudra que tu me l'amène, il lui faut une granny à cette petite." Et bien, sa grand-mère y allait fort, comme d'habitude. Elle but une gorgée de vin, décidant de le laisser se débrouiller.

Quand il pourrait prendre un peu de recul sur cette rencontre, le professeur se rendrait compte à quel point il était admiratif de la grand-mère de Casey. Une grande-mère intense, certes, mais avenante comme personne et d’une simplicité rafraîchissante. Une autre version de la femme dont il partageait la vie à vrai dire, avec bien des années en plus, mais surtout une assurance incroyable. Oserait-il dire qu’elle était sans-gêne ? Hm, pas sûr. Pas tout haut, en tout cas, mais il n’en pensait pas moins. Tant mieux, ça permettrait de le bousculer un peu dans son confort tout en étant rassuré par l’extrême sympathie de cette personne qui comptait tant pour sa compagne. Et le grand humour, ce qui était bien appréciable pour cette rencontre. D’abord parce que Nate adorait plaisanter en toute circonstance, mais aussi parce que ça lui permettrait de s’échapper de n’importe quelle situation. Tout le monde en serait gagnant, alors. Surtout son coeur un peu trop nerveux pour le moment. Ne se privant donc pas, le brun répondit à la blague de Granny Connors, ce qui lui valut une tape sur l’épaule et une remarque de sa grand-mère. Vil charmeur. Oh oui, ça résumait bien sa personne, et surtout, ça l’aidait à trouver sa place entre ces deux femmes qui ne faisaient que papoter. Enfin. Une fois au salon, le géographe se souvint des présents qu’ils avaient prévus pour remercier leur hôte de les accueillir pour cette soirée d’anniversaire. En les offrant, il se perdit un peu entre le vouvoiement et le tutoiement requis. C’est qu’il n’était pas habitué, Nate, à tutoyer immédiatement. Surtout une personne bien plus âgée que lui. Alors, la remarque de la concernée le fit sourire. Il y arriverait. Peut-être pas aujourd’hui, mais avec le temps. Peut-être rien que la fois suivante, lorsqu’ils auraient passé cette étape de la rencontre, toujours un peu délicate puisque tout le monde s’observait. « Il faut juste que je m’y habitue, ça ira », la rassura-t-il. En même temps, ce serait ridicule s’il continuait à la vouvoyer sur le long terme. Aujourd’hui, d’accord, mais après il faudrait faire un effort. Juste un petit effort, une fois, et ce serait naturel par la suite.

Rapidement seuls après avoir accepté la proposition concernant le vin, Casey se rapprocha de lui pour le questionner. Première impression ? À part sa nervosité incessante ? Il sourit. « J’ai survécu à la première phase, alors ça devrait aller. » Bon, d’accord, il répondait totalement à côté, et par une plaisanterie en plus. Mais ça ne le mettait pas vraiment à l’aise d’expliciter sa pensée, comme ça, alors qu’il était en plein cœur de l’événement. Ce serait bien mieux s’il prenait le temps, en fin de soirée, de penser à tout ce qu’il s’était passé et de se faire un véritable avis. Il accueillit avec soulagement le baiser qu’elle lui offrit, sans le faire trop durer au cas où la grand-mère ait l’idée de revenir en cet instant. Ah ça oui, elle était intense. Mais c’était un véritable rayon de soleil et une excellente partenaire d’humour. Nate ne pourrait donc qu’adorer passer du temps en sa compagnie. « T’inquiète pas, ça se passe bien non ? » C’était bien le monde à l’envers. C’était lui qui sortait cette remarque, alors qu’il était le seul à être nerveux ? Avec ce sourire espiègle, on pourrait en douter. Mais elle était bien là, cette légère appréhension. Et s’il faisait un faux pas ? Ah non, on avait dit stop avec ces ‘si’.

La grand-mère revint avec le vin, trois verres et de quoi ne pas mourir de faim avant de passer à table. Un repas qu’il attendait d’ailleurs avec impatience, vu ce que Casey lui avait raconté de ses talents. Enfin, tout le monde était bon cuisinier à côté d’elle, ce qui n’avait pas manqué de le faire rire à ce moment-là. Bref, il revint à l’instant présent et remercia leur hôte pour ce verre qu’elle lui tendit. À lui de déguster, ce qu’il fit sans attendre. « Il est parfait. » Il sourit à nouveau et attendit que les deux femmes soient servies pour déguster à nouveau cette boisson délicieuse. Puis la remarque lui arracha un léger rire. Bien sûr qu’il avait bon goût, et pour tout. Il s’en serait vanté s’il n’avait pas douté que son trait d’humour ne soit pris que pour de l’arrogance. Ce qui ne serait pas faux, à vrai dire. À la place de cette réponse, il se contenta d’effleurer furtivement la joue de sa compagne qui rougissait sans cesse. À croire que c’était elle la plus nerveuse du trio. Je fais de mon mieux. C’est ce qu’il aurait répondu aux paroles de Granny Connors, s’il avait eu le temps. Mais, fidèle à elle-même, elle continua et évoqua les fameux blind dates. Large sourire. Oui, il en avait bien entendu parler. Et encore une flatterie. C’est qu’il allait l’adorer sur-le-champ si elle continuait ainsi ! La réaction de Casey ne le surprit pas et le fit rire. Encore une fois, il n’eut pas le temps de répondre qu’un autre sujet fut déjà lancé. Eh bien, il avait maintenant l’habitude d’avoir une femme qui parlait souvent dans sa vie, mais rarement il n’avait vu ça. Sa fille. Déjà ? Mince, c’était raté pour sortir le sujet en cas de besoin. Bref. « Elle a six ans et demi maintenant. » Qu’il ponctua d’un nouveau sourire, plus tendre cette fois. C’était toujours aussi étrange de le dire à voix haute, de se rendre compte à quel point le temps avait filé vite. « Je suis sûr qu’elle adorerait vous rencontrer. Ma mère est à Détroit alors elle la voit peu. » Pour ne pas dire jamais. Mais le chapitre histoires de famille était bien trop compliqué pour être abordé aujourd’hui. Pourquoi avoir parlé de sa mère alors ? Bref. Il sortit alors son téléphone, y chercha le fameux dossier rempli de photos de sa petite et le tendit à l’intéressée. « Celle-ci date de la semaine dernière, on était allés se balader un peu dans le parc avec le beau soleil qu’on a eu. » Une des premières sorties de printemps digne de ce nom. « Il y a aussi des photos de Noël et quelques autres, je crois. » Une petite sélection qui faisait la fierté de ce père en adoration devant sa fille.

Les premières minutes allaient être très intense pour Nate, elle le savait parfaitement. Gladys était toujours un peu trop vive au début, c'était un moyen pour elle de jauger son interlocuteur, elle le faisait toujours. Et puis ça lui permettait également parfois de brouiller un peu l'esprit de son interlocuteur, ou adversaire, ça dépendait des points de vue… et d'en apprendre bien plus sans avoir l'air de rien. Oh oui, Casey le savait, elle avait suffisamment vu la vieille femme faire. Elle l'avait même vu abusé de son statut de dame âgée pour piéger des hommes à venir en blind date chez elle… c'était une terreur quand elle s'y mettait. Le fait que Nate eut l'air de se détendre un peu en plaisantant fit plaisir à la jeune blonde, même si elle donna un coup sur son épaule pour mettre les choses en perspective. Mais elle avait un sourire aux lèvres, cela voulait bien dire que ça ne l'avait dérangé en rien. En plus, elle connaissait suffisamment Nate pour savoir que les compliments de sa grand-mère encourageaient l'ego de son homme et lui faisait un plaisir non dissimulé. Une fois arrivé dans le salon, Nate repensa aux cadeaux apportés et les offrit à leur hôtesse qui fut ravie et s'empressa, pas trop vite, d'ouvrir la bouteille pour la déguster à l'apéritif et durant le repas. Son amant ne serait pas de retour avant plusieurs semaines d'après ce qu'elle disait et elle n'en avait pas changé. Casey avait secouru son homme qui ne trouvait plus le prénom dudit homme, mais la jeune femme n'était pas sûre de le lui avoir donné à vrai dire, elle se référait à lui comme l'amant de sa granny le plus souvent. Il se mélangeait les pinceaux entre le tu et le vous, mais c'était assez logique pour une première rencontre avec une dame de cet âge et cela ne ferait que donner du grain à moudre pour les plaisanteries, Cas' en était certaine.

Casey profita du moment de solitude que Gladys leur offrit en allant ouvrir le vin pour voir si ça allait pour son homme et avoir ses premières impressions. Elle sourit à sa remarque avant de l'embrasser tendrement. Elle était certaine que tout se passerait bien de toute façon et quand il lui demanda si ça se passait bien, elle hocha la tête avec conviction. "Parfaitement bien même." Granny Connors ne se fit pas attendre bien longtemps et fut de retour avec tout ce qu'il fallait pour grignoter quelque chose et profiter de ce vin choisi par Nate. Casey lui avait soufflé les goûts en matière de vin de sa Granny pour qu'il ne puisse pas se tromper. La remarque suivante balancée par Gladys fit rougir la jeune femme. Mais elle se tourna vers son homme lorsqu'il effleura sa joue et lui sourit avec tendresse. Et voilà qu'elle parlait des blind dates, sa grand-mère allait la tuer. Heureusement qu'elle ne resta pas trop longtemps là-dessus, bien qu'elle venait de dire à Nate qu'elle l'aurait sélectionné si elle l'avait croisé. Casey n'en doutait pas une seule seconde et elle savait pertinemment qu'elle en avait piégé certains hommes pour qu'ils viennent souper chez elle… elle avait bien piégé Casey à plusieurs reprises également. Cette femme l'épuisait, mais elle l'adorait tout autant.

Sa grand-mère changea de sujet encore une fois et lança le sujet de la petite Joyce. Gladys adorait les enfants et elle s'était beaucoup occupée de Casey mais pas seulement, elle avait gardé de nombreux enfants du voisinage et elle savait que ça lui arrivait encore parfois et quand elle était dans les environs. Nate fut immédiatement attendri, dès qu'il commença à parler de la petite Joyce, ce qui n'échappa pas à la vieille dame qui fut touchée par cela. Gladys hocha la tête très sérieusement et puis récupéra le téléphone que le jeune homme lui tendit. Casey lui avait appris à être plus ou moins à l'aise avec la technologie et même si sa granny râlait encore régulièrement, elle se débrouillait. Elle se mit donc à regarder les photos avec un sourire tout à fait attendri sur les lèvres. Une des photos, Casey était dessus et avait la petite fille sur les genoux, c'était à Noël. Le cœur de la grand-maman fondit et elle se demanda sincèrement quand est-ce qu'ils lui feront des petits. Elle ne fit pas de commentaires, ce qui serait étonnant de sa part si Casey ne l'avait pas mise en garde de ne pas parler de ce sujet. Il n'avait que vaguement été mentionné lors de son stress et ce n'était pas le moment de remettre cela sur le tapis. Alors Gladys se fit violence et ne mentionna rien de plus que la petite de Nate. "Parfait alors, on va organiser un petit goûter hein ? Et puis, si toi ou la maman, vous avez besoin de la faire garder un jour, les enfants ont toujours une place de choix par ici." Casey sourit et leva les yeux au ciel. "Bon ça, je peux que confirmer, elle a dû garder tous les enfants du voisinage un jour ou l'autre. C'est pas juste ma grand-mère, c'est la granny du quartier…" Gladys fut toute ravie par les mots prononcés par sa petite-fille et leur fit un clin d'œil.

Casey lui sourit doucement et prit la main de son amoureux vu qu'ils étaient assis relativement proche. "Cette petite est adorable, je suis sûre que vous vous amuseriez beaucoup." Soudain, Granny les observa tous les deux. "Tu es un peu meilleur en cuisine que ma petite-fille ici présente, j'espère ?" Casey se mit à rire en secouant la tête. "Hey ! Je te ferais remarquer que je me suis bien améliorée !" Gladys sourit plus largement. "Vous pourrez prendre les restes en partant ce soir, vous serez tranquille pour quelques jours, j'en suis sûre." Casey se tourna vers son homme. "Si on l'écoute trop, elle va remplir notre frigo de manière régulière… et franchement, on se débrouille pas si mal ! Tu pourras me donner un ou deux cours simple… j'arrive à faire quelques plats maintenant…" "Elle ment pas normalement, mais est-ce que c'est vrai ?" La question était directement pour Nate, évidemment.

Granny Connors leur laissa rapidement un moment seuls pour préparer le vin ainsi que de quoi grignoter en attendant le repas, ce qui fut un petit moment de soulagement pour Nate. Quoique, ce ne serait pas mieux quand il faudrait se remettre dans la situation une fois qu’elle reviendrait, mais bref… Tout se passait bien, comme elle lui confirmait, alors pourquoi continuer à s’en faire ? Ils profitèrent de ces quelques minutes pour avoir des gestes tendres que lui n’oserait pas sous le regard de leur hôte, pas alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer. Peut-être plus tard, quand il serait capable de la tutoyer sans se tromper et qu’il aurait totalement pris ses aises en sa présence. Pour le moment, il fallait reprendre ses esprits et se remettre en position. Ou plutôt, retrouver une attitude plus adéquate pour continuer cette première rencontre. Forcément, Casey se mit à rougir à la remarque de sa grand-mère, ce qui semblait devenir une habitude depuis leur arrivée. Oh, rien de bien étonnant. Et puis, Nate avait toujours trouvé ça adorable, alors ce n’était pas un problème pour lui. Il effleura sa joue pour lui intimer de ne pas s’en faire, avant de partager son sourire. Bon, d’accord, leur hôte n’y allait pas de main morte en évoquant à présent les blind dates. À vrai dire, Nate aurait donné cher pour être témoin d’un coup monté de la sorte, rien que pour voir les joues de la blonde s’enflammer brusquement. Mais ce serait trop cruel. Et totalement inapproprié aujourd’hui. Par contre, par le passé, qu’ils se soient retrouvés tous les deux à l’un de ces rendez-vous arrangés ? Eh bien, ça aurait pu être intéressant. Très intéressant.

Le sujet changea rapidement, sans que Nate ait le temps de placer une parole. Il faudrait qu’il s’y habitue, avec ces deux-là, selon toute vraisemblance. Pas sûr. C’était à présent à son tour de parler avec une question directe de Granny Connors. Joyce. Ah, voilà enfin un sujet sur lequel il serait à l’aise et aurait beaucoup de choses à raconter. Cela le mit un peu plus à l’aise et permit même à un sourire plus franc de se faire place sur son visage. Comme à chaque fois qu’il évoquait sa fille, d’ailleurs. C’était un véritable rayon de soleil dans sa vie, au même titre que Casey d’ailleurs. Sauf qu’il vivait avec la jeune femme au quotidien et avait forcément un peu perdu de ce bonheur de la retrouver après une séparation de quelque temps. Ce n’était plus des jours maintenant entre leurs rendez-vous, mais des heures tout au plus. Alors, certes, il adorait Casey et son regard brillait quand il parlait d’elle à d’autres, mais pour sa fille, c’était différent. Pas nécessairement plus intense, juste différent. Casey comprendrait le jour où elle aurait un enfant. Le jour où ? Intéressant. Il sourit en voyant l’expression de leur hôte qui regardait avec attention les différents clichés. Étonnant, Nate avait l’impression de pouvoir deviner ses pensées, et surtout ces questions… Mais rien ne vint. Pas de ‘Alors, il est pour quand le bébé ?’. Casey l’aurait-elle prévenue qu’il ne valait mieux pas se lancer dans ce genre de débat avec son compagnon ? En tout cas, ce n’était pas lui qui se jetterait dans une telle conversation. Pourtant, le silence commençait à le gêner. Pas de commentaire ? Vraiment ? Ah, si. Un petit goûter. Sourire. Elle voulait vraiment la rencontrer ! « On organisera ça alors ! Je regarderai quand elle sera avec nous, pour que tout se cale bien. » Et qu’il n’aurait pas trop de travail aussi. Parce qu’avec la fin du semestre et de l’année universitaire qui approchait, les week-ends risquaient de ne pas toujours être de tout repos.

Accueillant la main de sa compagne avec plaisir, il en prit tout autant à l’écouter parler de sa fille. Il en avait de la chance, d’avoir une femme à ses côtés qui s’entendait si bien avec Joyce. Il le savait et ne pouvait que la chérir davantage. Pourtant, la suite le surprit. Granny Connors sembla vouloir taquiner à nouveau sa petite-fille en l’interrogeant. Était-il meilleur cuisinier ? Mais bien sûr ! « On peut difficilement faire pire de toute façon... » Qu’il sortit avec un sourire espiègle. Comme quoi, il n’y avait pas que lui qui avait à redire sur ses talents ! Mais bon, c’était vrai qu’elle s’était améliorée. Contrairement à lui. Alors, il pouvait les garder ses commentaires. Oops, ils étaient déjà sortis… Et les voilà qui recommençaient à papoter sans qu’il ne trouve le temps de répondre. Remplir leur frigo ? Eh bien, il ne dirait pas non si c’était aussi bon que Casey lui avait dit ! Puis la question arriva. La jeune femme disait-elle la vérité ? Espiègle comme toujours, il regarda Casey un instant, lui laissant croire qu’il allait briser sa défense, mais il ne le fit pas. Elle disait vrai. Et Nate n’avait pas pour habitude de mentir, pas pour ça en tout cas. « C’est vrai. » Qu’il finit par sortir. « Elle a pris des cours avec une amie, et on essaie de s’améliorer tous les deux pour éviter de manger toujours la même chose. Le resto ça va un moment, mais j’aime bien rester à la maison aussi. » Ce qui ne les empêchait pas d’aller au restaurant de temps à autre, mais la quiétude de la maison leur était profitable bien des fois. « Elle fait des lasagnes délicieuses ! » Qu’il sortit de nulle part, après son court discours. Il pouvait bien la complimenter après l’avoir fait languir ainsi.

Elle passa un instant seule avec Nate et en fut ravie, un moment parfait pour lui voler un baiser et le rassurer un peu. Elle connaissait suffisamment la vieille femme pour savoir qu'elle en avait le temps, et même le temps pour discuter un peu, ce qu'ils firent d'ailleurs. Elle voulait connaître ses premières impressions et puis également le rassurer quelque peu. Tout se passait bien, c'était une certitude pour la jeune femme. Sa Granny n'était pas tellement la plus fine, si elle trouvait quelqu'un chiant ou désagréable, elle le disait clairement en général. Elle finit par revenir avec tout ce dont ils auraient besoin pour l'apéritif. Et puis, Gladys recommença directement à faire fort. Casey se mit d'ailleurs à rougir et puis sourit tendrement à son homme qui vint effleurer doucement sa joue. Cela leur valut un beau sourire d'approbation de la part de la vieille femme. Gladys ne put pas s'empêcher de mentionner les nombreux blind date qu'elle avait organisé pour sa petite fille, rêvant de la voir casée avec un gentil garçon. Mais Granny avait terminé avec son semi-monologue, elle voulait en entendre plus sur Nate et surtout sur sa fille. Ça offrait un break à Casey qui n'en était pas mécontente… elle ne put s'empêcher de confirmer à quel point cette petite était adorable. Et elle était convaincue que Gladys et la petite s'entendrait à merveille. Sa grand-mère avait toujours eu un don pour les enfants, peut-être bien que le sien venait de là. Nate accepta d'organiser cela quand il l'aurait un week-end, ce qui fit sourire la jeune femme. Elle adorait l'idée, cette petite était tellement choue. Gladys avait raison, la petite aimerait avoir une grand-mère, surtout une comme granny connors…

Elle avait pris sa main qu'elle serrait doucement tout en parlant encore un peu de Joyce. Bien sûr, sa grand-mère était ravie de la réponse des deux jeunes gens qui lui faisaient face. Elle avait tout de suite compris que la petite Joyce avait déjà gagné le cœur de sa petite-fille et d'après la photo, c'était réciproque. Vu qu'elle connaissait parfaitement Casey, elle savait aussi qu'elle ferait toujours attention à la place qu'elle aurait dans cette famille recomposée afin de ne blesser personne et de ne marcher sur les pieds à personne. Sa petite-fille était un peu du genre trop gentille, elle espérait simplement que cet homme n'en profiterait pas, à aucun moment. De ce qu'elle voyait de ce qui pouvait les lier, elle n'avait pas l'impression… la tendresse et l'amour semblait réciproque. Et ce jeune homme n'avait pas l'air parfaitement à l'aise, ce qui prouvait qu'il espérait faire bonne impression. Des bons points pour lui, donc. D'ailleurs, la vieille femme décida de continuer à les titiller un peu, petite vengeance pour ne pas avoir le droit de parler petits-enfants, aucun doute là-dessus. Elle parla donc des talents culinaires inexistants de Casey qui ne put que se rebeller légèrement contre cette idée, vu qu'elle avait fait des progrès en la matière. Gladys rit quand son gendre, façon de parler, lui confirma qu'on faisait difficilement pire. La jeune femme donna un coup de coude à son homme pour se venger d'ailleurs, mais son sourire disait bien qu'elle acceptait la critique et qu'elle la savait vraie surtout. Enfin, elle n'était plus tout à fait vraie, vu qu'elle avait fait de vrais efforts en la matière. Elle se demanda un instant ce qu'allait dire Nate, mais il confirma ce qu'avait dit Casey. Elle avait pris des cours et ils essayaient tous les deux de s'améliorer afin de ne pas manger toujours la même chose ou toujours au restaurant. Granny ne put que hocher la tête, heureuse d'apprendre cela. "Et bien, vous allez devoir m'inviter à manger pour que je découvre cela par moi-même." Et Casey se mit à rire. "Tu sais que tu es impossible… Mais promis." Elle se pencha d'ailleurs sur son homme pour poser un baiser sur sa joue. "Tu t'es bien rattrapé…"

Casey regarda un instant sa grand-mère et lui sourit. "Et toi alors ? Tu as bien appris à danser la salsa durant ta croisière ?" La vieille dame sourit, ravie. "Oh oui ! Et les croisières c'est assez chouette, bien qu'il y ait un peu trop de monde. Il faut se lever tôt pour avoir une chaise longue, je vous le dis. L'hiver prochain, on va opter pour un plus petit bateau et un à voile. On ira moins loin, mais ça sera bien plus cosy. Vous devriez partir un peu au soleil aussi, vous êtes un peu pâlots tous les deux. John veut me faire découvrir la planche à voile et puis ce printemps, on ira faire un saut en parachute, c'est pas génial ?" Casey ouvrit grand les yeux et puis se mit à rire. "J'ai une grand-mère complètement folle ! Je t'adore Granny." La vieille dame se mit à rire et leur fit un clin d'œil. Une sonnerie retentit au loin dans la maison. "Aaah. Et bien on va pouvoir passer à table. Installez-vous, je reviens." Casey se leva. "Tu as besoin d'aide granny ?" Sa grand-mère secoua la tête et leur fit signe de s'installer. Elle secoua la tête et leva les yeux au ciel. "Elle ne veut jamais d'aide. Enfin pas quand elle a des invités. On s'installe ?" Elle s'approcha de lui quand il se leva et l'enlaça tendrement. "Elle peut être un peu "pushy" ! Si jamais, elle va trop loin, faut pas hésiter à le lui dire. Bon, pour le moment ça va, enfin j'ai l'impression." Elle vint l'embrasser tendrement. Sa granny était sous le charme, elle le savait pertinemment. Même si Nate n'avait pas pu en placer beaucoup, il était resté lui-même et elle savait qu'il faisait bonne impression. Elle murmura. "Elle est folle, hein ?"

Partie pour quelques minutes tout au plus, Granny Connors fit à nouveau son entrée en ne mâchant pas ses mots. Son objectif était-il de gêner sa petite-fille ? Non ? Eh bien, on aurait dit l’inverse. A vrai dire, c’était parfait pour Nate qui n’était donc pas visé par les remarques de la vielle femme, mais il essaya tout de même par tenter de rassurer Casey. Elle n’avait pas à être gênée, pas avec eux. Même s’il y avait de quoi avec cette grand-mère capable de dévoiler tous les petits secrets gênants. Pourvu qu’elle ne connaisse rien de compromettant sur lui, alors. Pour le moment, rien ne déclenchait d’alarme chez lui, encore moins lorsqu’elle lança la conversation sur sa fille. Quelques photos, une proposition à prendre le goûter chez elle avec la petite et l’amitié entre deux générations éloignées semblait presque déjà scellée. Oh, Nate n’en doutait pas que Joyce adorerait Granny Connors. Elle adorait tout le monde, de toute façon. Mais entre elles, ce serait l’entente idéale. Et son père serait content de la voir rencontrer la famille de Casey, de la voir tisser des liens dignes de ceux partagés avec une grand-mère, à défaut de pouvoir voir la sienne régulièrement. Il faudrait d’ailleurs remédier à cela, mais plus tard. Inutile d’y penser maintenant. Sa fille disparut brutalement de la conversation pour laisser place à un autre sujet, et pas n’importe lequel ! La cuisine. Et plus particulièrement les talents de Casey. Bien sûr, cela n’avait pas manqué d’amuser Nate qui en profita pour taquiner sa compagne. On ne faisait pas pire qu’elle, exactement. Et la remarque fit rire leur hôte. Un point pour lui qui se sentait plus à l’aise à chaque fois que l’une de ses paroles semblait être acceptée. Pourtant, il reçut aussi un coup de coude – bien peu convaincant si vous voulez mon avis – de la part de la jeune femme qui ne semblait pas être de son avis. Vraiment, Casey ? Tu croyais vraiment être un grand cordon bleu ? Le professeur décida donc de laisser un peu de suspense avant de répondre à la grand-mère, mais finit par acquiescer. Oui, elle avait fait des progrès. Bon, la cuisine n’était pas son point fort et ne le serait sans doute jamais, mais quelle importance ? Elle essayait, et c’était tout ce qui comptait aux yeux de Nate. D’autant qu’il serait bien mal placé pour faire un commentaire, puisque lui ne faisait pas grand effort. Gladys sembla satisfaite d’entendre une telle réponse, si bien qu’elle s’invita littéralement chez eux pour déguster un repas et se faire son propre avis. Promis, elle serait invitée. Pour le grand plaisir de sa petite-fille, apparemment, mais aussi celui de Nate qui l’appréciait de plus en plus. Ça annonçait une soirée bien animée !

Souriant aux paroles et au baiser de la jeune femme, le brun n’ajouta rien puisqu’il sentait qu’elle avait envie de prendre des nouvelles de sa grand-mère. Tout à fait compréhensible, après des semaines d’absence. Ah, la fameuse salsa ! Espérons qu’ils échappent à la démonstration… Surtout Nate ! Mais la salsa sembla vite oubliée, pour tout un tas d’autres sujets. Eh bien, il fallait la suivre Granny Connors quand elle se mettait à palabrer. Les chaises longues, l’hiver prochain, la planche à voile et même le saut en parachute. Ça en faisait des sujets. Sans parler du teint pâle des deux amoureux qui trahissait le manque de soleil. C’était un être d’intérieur, Nate. Il détestait toutes ces activités, se retrouver en pleine nature… Il ne fallait pas oublier qu’il avait grandi à Détroit, en pleine ville, bien loin des habitudes rurales du Vermont. Mais bon, pour des vacances au soleil, il y aurait peut-être moyen de négocier. Tout sourire, il s’amusa tout autant de ce discours que de la réaction de Casey. C’était tout de même fascinant qu’une femme autant sur la retenue ait été pratiquement élevée par une grand-mère si intrépide. « Je verrais bien Casey faire un saut en parachute aussi, tiens ! » Qu’il lâcha. Encore une fois, le monde à l’envers. Et lui, hein ? Pensait-il au moins être capable de le faire ? Certainement pas. Une sonnerie retentit ensuite, indiquant que le repas était prêt. Pas besoin d’aide, d’accord. A vrai dire, Nate n’avait même pas eu le temps de se proposer que leur hôte était déjà partie après les avoir invités à s’installer à la table à manger. Un nouveau moment de répit tout à fait bienvenu. Comme cette étreinte de Casey quand il se leva enfin du canapé pour aller s’installer. « Non ça va, t’inquiète pas. » répondit-il alors qu’elle se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Il lui rendit ce baiser et lui sourit comme un gamin qui allait sortir une blague toujours aussi nulle. « Elle n’a pas encore déterré les cadavres donc tout va bien ! » Pour reprendre sa plaisanterie du début de soirée. Puis Casey lui murmura une question qui le fit rire à nouveau. Est-ce qu’elle était folle ? Arborant une expression dubitative, il fit mine de ne pas être d’accord un instant avant de répliquer, lui aussi dans un murmure et un geste de sa main pour indiquer une faible quantité. « Un tout petit peu, peut-être... » Et un autre sourire. Oh oui elle était folle, mais c’était une bouffée d’air frais. Ils se dirigèrent vers la salle à manger et s’installèrent à la table, prêts à accueillir Gladys. Serrant la main de Casey, le brun sourit tendrement avant de s’amuser lui-même d’une pensée un peu ridicule. Qu’il explicita, pour que la jeune femme ne se pose pas de questions. « C’est quand même mieux de venir ici en étant invité, j’avais un peu l’impression d’être un voleur quand on est passé récupérer des affaires à toi il y a quelques semaines... »