Casey était un peu plus fébrile que d'habitude ce matin-là et ça durait depuis quelques jours déjà. Ils avaient finalement reçu une convocation à comparaître devant le conseil de discipline de l'université de Burlington afin de témoigner contre le professeur qui faisait du harcèlement son terrain de jeu. Elle savait qu'il y avait des chances que son témoignage si tardif ne soit pas des mieux reçu, mais ça n'avait pas, enfin pas trop d'importance, il fallait le faire. Elle n'avait pas spécialement envie de raconter son histoire devant le conseil et le professeur en question, mais il le fallait, absolument. Elle avait découvert au fil des discussions qu'elle était loin d'être la seule et aucune des étudiantes ou assistantes n'avaient osé dire quoi que ce soit, de peur d'être saquée par la suite. Mais Casey, elle avait finalement osé, ce qui avait déclenché un effet domino. Plusieurs filles encore à l'université et une qui n'y était plus, étaient venues porter leur témoignage au directeur de l'université. Le conseil avait mis du temps à se mettre en place, surtout à cause des vacances de Noël et du retour de celle-ci. Ils avaient pris connaissance des différentes données tandis que le professeur en question avait été suspendu peu avant Noël ce qui avait provoqué de nombreuses réactions au sein de l'université. Malgré la tension qui avait régné au début, elle avait tenu à encore y aller de temps à autre, même si les chuchotements s'intensifiaient dès qu'elle s'approchait du département d'Histoire. Elle avait tenu bon et avait gardé la tête haute, ce qui était l'essentiel.

En début d'après-midi, Nate et elle s'était donc rendu dans la salle où se tenait le conseil et les témoignages avaient été reçu de vives voix. Elles étaient quatre à avoir accepté de témoigner, mais dans le fond le témoignage de Casey était vital vu que c'est elle qui avait lancé les hostilités. Elle se débrouilla bien, même si elle s'était mise à trembler légèrement en voyant le regard assassin de l'accusé. Savoir Nate dans la salle et pas très loin l'avait suffisamment rassurée pour qu'elle puisse continuer et elle avait retrouvé ses bras, juste après. Nate avait également dû dire quelques mots, surtout en rapport avec l'altercation qui avait eu lieu quelques mois auparavant dans le bureau de ce dernier et l'étudiant qui avait écouté aux portes, étaient également venu. Casey avait vu de nombreux signes de soutien dans cette salle et elle espérait vraiment qu'il serait viré. Ce n'était pas vraiment son genre de souhaiter du mal aux gens, mais cet homme n'était pas fait pour être professeur, il n'était même pas fait pour avoir une position importante où il pourrait être entouré de jeune femme. C'était un prédateur. Une fois que tout le monde eut parlé, le professeur eut droit de se défendre et il le fit. De manière pathétique, il traita toutes les femmes présentes de menteuses pathologiques et les hommes de jaloux… Défense puérile et qui mettait en évidence sa culpabilité selon Casey. Elle l'espérait sincèrement en tout cas.

Une fois que tout cela fut fini, ils durent tous sortir afin que le Conseil délibère. Nate et Casey se retrouvèrent tous les deux dans le bureau de ce dernier afin d'attendre tranquillement le verdict. Le directeur avait annoncé que le verdict serait rendu en privé et en présence de l'accusé et de Casey et Nate, vu qu'il était les instigateurs de tout cela. Ils attendaient donc, Casey ne tenait pas vraiment en place. Dans les bras de Nate un instant, elle ne cessait de faire des allers retours entre la bibliothèque de ce dernier, son bureau et tout ce qu'elle pouvait voir et analyser dans la pièce. Se retournant soudain vers Nate, elle se mordit la lèvre. "Je suis nerveuse, pas toi ?" Il n'avait pas l'air, comme souvent, il était parfaitement maître de lui-même. "Cet homme ne doit pas rester en contact avec des étudiantes… et si le verdict était contre nous ?" C'était malgré tout une possibilité… Trois coups furent frappés à la porte et elle l'ouvrit rapidement. On les appelait. Une pointe de panique traversa son regard tandis qu'elle regardait Nate.

let the guilty have what he deserves

Casey & Nate (UNIVERSITE DE BURLINGTON | Fev 2019)

Encore une histoire de harcèlement et de menaces. Nate avait l’impression d’y être abonné dernièrement. Le message de la secte, le retour de l’ex-mari d’Hesther et maintenant l’affaire qui secouait l’université et revenait en force dans leur vie. Oh, il avait malheureusement commencé à s’y faire, à cette appréhension latente, à cette angoisse de se sentir attaqué de toutes parts. Pourtant, c’était relativement serein qu’il s’était levé en cette journée de février pour affronter le conseil d’administration réuni pour l’occasion, pour enfin poser une sanction définitive – ou pas – concernant cette histoire, cette plainte de Casey et d’autres qui avaient suivi. Nate n’était d’ailleurs pas peu fier du comportement de la jeune femme, du courage qu’elle avait eu pour faire entendre sa voix dans une administration si allergique aux scandales. Certes, son soutien l’avait aidée ainsi que le climat actuel dans la société, mais c’était elle et elle seule qui avait fait le premier pas dans la bonne direction. Un pas qui avait entraîné tant de choses, tant de messes basses, tant d’histoires sur leur relation, sur Casey. Comme si sa réputation avait besoin de ça, après l’été chaotique dont certains avaient été témoins. Bref. Nate s’en souciait bien peu de sa réputation, ou plutôt n’accordait aucun intérêt à ceux qui dépréciaient sa compagne après cette révélation. Approuvaient-ils donc le comportement de ce collègue détestable ? La situation avait été tendue, bien sûr. On l’avait accusé de se retourner contre son propre camp. Il y avait eu des échanges compliqués, avec d’autres professeurs, mais rien qui empêchait le géographe de dormir. Absolument pas. Puis l’histoire s’était tassée, une fois le professeur suspendu depuis quelques jours. Les vacances et fêtes de fin d’année avaient aussi fait leur travail sur les mémoires. Et les voilà, en ce jour, à devoir faire face une dernière fois à cette histoire pour y mettre le point final. Le renvoi du coupable, Nate en était certain.

Se retrouver dans cette salle de conseil était une première, et le professeur espérait bien que ce serait la dernière. Il fallait bien avouer que tout cela, cette ambiance, ce cérémonial, ne faisaient rien pour mettre véritablement à l’aise. Il espérait alors que les mots rassurants pour Casey avaient été suffisants, qu’elle ne craquerait pas devant tout ce petit monde et surtout face au regard insupportable de l’historien. Oh, il avait une entière confiance en elle, et ce n’était pas à deux pas de son objectif qu’elle allait s’effondrer. Mais c’était facile à dire pour lui, facile d’être calme, d’être confiant, alors qu’il n’avait pas à se retrouver accusé de tous les maux par un simple regard malveillant. Les accusatrices s’exprimèrent d’abord, expliquant les faits avec justesse. Enfin, pour ce que Nate en savait… Mais il avait une entière confiance en ces témoignages. Il le fallait, ou tout s’écroulerait. Casey s’en était très bien sortie, malgré quelques hésitations lorsque l’accusé la fixait. Le sang du géographe brûla d’ailleurs à plusieurs reprises en le voyant s’offusquer pour n’importe quoi et menacer de son regard assassin. Dans le contrôle parfait, il avait détourné le regard pour ne pas exploser et ne pas se retrouver viré, lui. Lorsque ce fut son tour, il n’eut qu’à détailler la conversation qu’il avait surprise en novembre et celle qui avait suivie. Puis une autre question, qui l’étonna à moitié. Et sa relation avec Casey, qu’en était-il ? En quoi était-ce pertinent ? Oh, Nate ne le demanda pas et répondit tout naturellement. Après tout, la scène s’était passée dans son bureau qui n’était pas accessible aux étudiants, et il se trouvait lui aussi être professeur. Il expliqua donc depuis quand ils étaient ensemble, évoqua même leurs brèves retrouvailles. Et même, puisqu’il fallait être absolument transparent pour que rien ne se retourne contre eux, leur première relation cachée alors qu’elle était encore assistante. Bien évidemment, l’accusé profita de cette découverte pour appuyer sa défense lorsqu’il put prendre la parole. Elle flirtait avec les professeurs depuis longtemps, la preuve. Merde, il ne l’avait pas aidé sur ce coup en étant honnête. Heureusement que le reste de son discours, ridiculement accusateur contre les femmes aguicheuses et menteuses, puis les hommes jaloux. Quoi ? Nate dut retenir un sourire et un léger rire. Pathétique.

Les témoignages faits, Casey et Nate rejoignirent son bureau pour attendre la décision finale. Il s’appuya contre son bureau, observant la jeune femme qui ne tenait pas en place. Il l’avait bien attiré à lui pour l’apaiser, mais rien n’y faisait. Et, à vrai dire, la pression commençait à se faire ressentir chez lui aussi. Et s’il était serein à tort ? Non, impossible. L’université ne prendrait jamais le risque de fermer les yeux sur les accusations portées contre l’un de ses professeurs. Ce serait la ruine assurée pour leur réputation. Lorsqu’elle se retourna vers lui en se mordant la lèvre, il ne put que sourire. Nerveusement, peut-être, mais surtout pour la rassurer. Il fallait bien qu’il paraisse calme pour ne pas l’affoler davantage. Et puis, il était si sûr de lui, de cette affaire menée parfaitement. Pas de fausses accusations démasquées, rien qui pourrait remettre en question les révélations. « T’inquiètes pas, il va être renvoyé. L’université ne peut pas faire autrement. » Le laisser reprendre ses fonctions comme si de rien n’était ? Impossible. Il tendit une main à Casey pour qu’elle s’approche de lui un instant. « Viens là, tu verras ça... » Et il n’eut pas le temps de finir ni de l’avoir contre lui pour la rassurer qu’on frappa à la porte et qu’elle ouvrit. Le moment était enfin arrivé. Il se redressa et s’approcha de Casey. Il profita du départ de l’émissaire pour passer une main dans le dos de la jeune femme et la rassurer de son contact avant de l’embrasser sur le front et de terminer sa phrase. « Ça va bien se passer. » Pas le choix, ou ils seraient tous les deux dans une situation pire que délicate. Ils retournèrent alors dans le bureau du conseil et n’eurent pas à attendre bien longtemps. On rappela les faits rapidement et la décision tomba. Un renvoi, avec effet immédiat. Nate soupira, soulagé. Parce que, oui, il avait appréhendé tout de même. Pourtant, il n’avait aucune envie de savourer sa victoire en cet instant, en  cet endroit, imaginant que les représailles n’allaient pas tarder.  

Nerveuse, elle l'était oh oui. Ils avaient subi de nombreuses messes basses tous les deux, au début du moins et Casey avait tout fait pour ne pas trop y faire attention. Ce qui n'était pas évident pour la jeune femme, elle avait tellement l'habitude de tenter de rester discrète qu'être le centre de l'attention même durant une courte période ne lui avait pas plu du tout. Heureusement la suspension qui était tombée et les vacances qui avaient suivi avaient tassé les choses. Les gens avaient la mémoire courte. Elle savait également que Nate avait eu des mots avec d'autres professeurs et elle était désolée pour lui, même si ça ne semblait pas le déranger plus que cela. Tant mieux dans le fond. Il était resté solide pour elle, un vrai pilier, l'aidant à chaque étape. Casey, femme qui détestait les conflits… s'était lancée tête baissée dans cette aventure qui ne lui plaisait pas spécialement. Mais elle s'était rendue compte qu'il le fallait pour plusieurs raisons. La première, que ce professeur la laisse en paix et qu'il ne revienne pas à la charge comme au mois de novembre dernier. Et puis, il fallait qu'il ne puisse plus enseigner, c'était un homme qui aimait profiter de son autorité pour abuser des gens, il n'avait pas sa place sur une chair d'enseignement. Alors elle avait finalement porté plainte au sein de l'établissement et c'était aujourd'hui que tout se déciderait. Elle espérait évidemment un verdict favorable pour eux, défavorable pour ce professeur d'Histoire, mais rien n'était joué. Nerveuse, elle y alla quand même, il fallait mettre un point final à cette histoire. Heureusement que Nate serait près d'elle durant tout le processus.

La salle du conseil fut un moment extrêmement stressant mais écouter les témoignages des autres jeunes femmes l'aidèrent à garder le courage de parler. Quand il fut temps pour elle de monter sur le stand, elle le fit et tenta d'être la plus précise possible dans tous les événements qui s'étaient déroulés, même les plus anciens. Elle était plutôt fière d'elle, même si elle avait eu quelques hésitations suite à des regards particulièrement assassin de l'accusé. Heureusement qu'un regard pour Nate suffisait à la rassurer suffisamment pour ne pas arrêter en si bon chemin. Elle savait pertinemment que toute la haine du professeur était dirigée contre elle principalement, pare que c'était elle qui avait lancé la machine. Et c'était grâce à elle que d'autres jeunes femmes avaient osé parler à leur tour. Lorsque ce fut le tour de Nate, elle l'écouta attentivement, il avait son point de vue sur la question, sa manière de voir les choses. Et puis quelques questions furent posées, elle les trouva quelque peu déplacée et se mit à rougir quand il commença à parler de leur relation pour le conseil… Il parla même de leur aventure alors qu'elle était encore assistante. Elle se demanda en quoi cela pouvait être pertinent et puis quand l'accusé tenta de se défendre, elle comprit. Il aurait amené cela sur le tapis quoi qu'il arrive et si le conseil n'avait pas été mis au courant par eux, ça aurait pu être fatal à leur cause. Serrant doucement la main de son homme, elle écouta les accusations de plus en plus vaseuses du professeur qui accusait simplement toutes les femmes d'être des allumeuses et des menteuses et les hommes d'être jaloux. Il était en effet absolument pathétique et n'aidait en rien sa cause, il s'enfonçait, du moins c'était l'impression et l'espoir de la jeune femme.

Une fois tous les témoignages écoutés, il fut demandé à tout le monde de sortir de la salle afin que le conseil puisse délibérer. Casey et Nate allèrent dans le bureau de ce dernier afin de pouvoir attendre tranquillement. Mais la petite blonde était fébrile et ne tenait pas en place. Dans les bras de son homme un instant, elle parcourait le bureau le suivant. Le sourire de Nate la rassura légèrement quand elle se retourna vers lui. Il semblait si calme, elle voulut donc savoir s'il était nerveux quand même et puis affirma que cet homme ne devait pas rester professeur, ni en contact avec des jeunes femmes. Nate semblait si sûr de lui quand il affirma qu'il allait être renvoyé et que l'université ne pouvait faire autrement. Et il lui tendit une main, l'invitant à venir dans ses bras. Elle fit un pas pour le rejoindre mais fut interrompue par trois coups frappés à la porte. Elle l'ouvrit rapidement et le messager leur annonça que le verdict avait été atteint, ils étaient attendu dans le bureau du conseil. Nate vint la rejoindre et passa une main dans son dos pour la rassurer avant de poser ses lèvres sur son front. Tout allait bien se passer. Elle lui sourit doucement et se blottit entre ses bras quelques secondes pour retrouver le courage avant d'y aller. Elle espérait sincèrement que tout se passerait bien où la situation à l'université risquait de devenir compliquée et très rapidement.

Ils se rendirent tous les deux dans le bureau du conseil et n'attendirent pas bien longtemps. Casey jouait avec ses mains, légèrement nerveuse et le professeur d'Histoire qui se tenait à l'autre bout du bureau avait un petit sourire satisfait, certain qu'il serait blanchi. Cet homme avait une confiance déroutante. Mais la décision tomba et ce fut un soulagement total pour la jeune femme. Il était renvoyé et ce, avec effet immédiat. Casey ferma les yeux un instant alors qu'un immense soulagement l'envahissait. Elle n'osa pas relever les yeux, elle ne voulait pas croiser le regard de l'accusé, sachant qu'il était sûrement fou de rage. L'étonnement envahi le professeur d'Histoire durant quelques secondes, bouche-bée, il ne pouvait croire qu'on le renvoyait et qu'on croyait cette bande de midinettes au lieu de lui, un professeur respecté de cette université. La colère, non la rage se mit à bouillonner en lui. Il fit un pas en avant et avait une attitude agressive. "Si vous croyez que ça va s'arrêter là et que vous pouvez simplement me virer à cause de deux ou trois allumeuses qui m'accusent parce que je n'ai pas voulu entrer dans leur jeu… vous vous fourrez le doigt dans l'œil ! Vous allez encore entendre parler de moi !" Encore un pas en direction de Casey. "Et toi sale garce, tu vas voir ce que tu vas voir… si tu crois que j'en ai fini avec toi… tu rêves. Et c'est pas ton petit chiot qui va pouvoir y faire quelque chose. Me faire renvoyer… moi ! C'est une grosse connerie que tu viens de faire-là…" Le Directeur de l'université semblait choqué par ce qu'il entendait et avec raison, il n'imaginait sûrement pas avoir un homme de ce genre dans son corps enseignant. "Attendez-vous à des représailles. Tous !" Levant les yeux sur lui, Casey se mit à trembler légèrement. Elle voyait la violence latente qu'il y avait au fond de son regard. S'il n'y avait pas eu un agent de sécurité de l'université qui s'était rapproché de lui, elle était sûre qu'il aurait tenté une attaque. Et c'était flippant. Elle serra la main de Nate, parce qu'il ne devait pas aller dans la violence, à aucun moment. Le professeur fut escorté jusqu'à la porte principale de l'université après un ordre rapide du Directeur et Casey fut soulagée de son départ. Après quelques remerciements et salutations, Casey et Nate se retrouvèrent dans le couloir. Un soulagement total emplissait la jeune femme. "Je tremble encore un peu… mais je suis soulagée ! Merci d'avoir été là." Elle serra sa main, encore, n'osant pas vraiment se blottir entre ses bras, même si d'ici demain l'université au grand complet serait au courant que le professeur de géographie sortait avec une ancienne étudiante…

Les témoignages avaient pris un certain temps. On voulait sans doute vérifier que les versions restaient cohérentes, après tout ce temps. Que rien ne flanchait dans l’accusation grave portée contre un professeur respecté de l’université. Plus tant, à présent. Certes, il avait encore du soutien parmi certains universitaires, surtout dans le Département d’Histoire, mais il était rapidement tombé en disgrâce. Et il pensait pouvoir retrouver son poste comme si de rien n’était ? Nate aurait bien eu ce sourire satisfait s’il n’y avait pas eu tout ce lourd cérémonial, tous ces regards qui jugeaient la moindre réaction pour trouver une faille. Voir le brun se réjouir de la chute d’un collègue ne les aurait clairement pas aidés dans cette affaire. Alors il s’était retenu, laissant son regard errer un peu partout dans le bureau pour ne pas sentir son sang bouillonner à chaque parole de cet imbécile. Il avait fait de son mieux aussi, lorsque son tour était arrivé, pour paraître détaché. Pour dévoiler l’entièreté de la vérité concernant sa relation avec Casey. Même lorsqu’elle était assistante et collaborait avec le département de Géographie pour une conférence. Après tout, ils n’avaient rien fait de contre les règles de l’université, juste contre la morale pour certains. Le professeur n’avait eu aucun pouvoir sur ses études, n’avait pu influencer sa situation puisqu’ils étaient dans deux départements distincts. Et puis mince, il n’avait pas à se justifier. Nate espérait simplement que ça ne se retourne pas contre eux dans cette histoire précise. Pour le reste, il savait pertinemment qu’ils ne s’attireraient aucun problème venant de la hiérarchie, il n’y aurait que quelques bruits de couloir. Comme d’habitude, quand une information du genre était dévoilée.

En attente du verdict, ils avaient attendu dans son bureau. Nate essayait de rassurer comme il pouvait la jeune femme, mais il sentait bien que c’était peine perdue. Pourtant, il continuait, dans l’espoir d’ôter au moins un peu d’appréhension chez la jeune femme. Le plus dur était fait, il n’y avait plus qu’à patienter pour avoir la réponse. Enfin. En espérant qu’elle aille dans leur sens, ou la situation serait bien difficile à gérer. Est-ce qu’il devrait démissionner ? Oh, inutile de se poser ce genre de questions. Le géographe était sûr, l’autre serait renvoyé. Il allait être renvoyé, sur-le-champ. Lorsqu’ils furent rappelés, ils prirent quelques secondes pour se rassurer, pour la rassurer surtout et se retrouvèrent dans le bureau pour entendre la décision finale. L’historien était certain, aveuglé par sa propre arrogance sans nul doute. C’était donc à ça que ressemblait un homme imbu de lui-même ? Nate se dit qu’il devrait faire des efforts à ce niveau-là, s’il ne voulait pas ressembler à cet ignoble personnage. Mais cette résolution serait oubliée dans la seconde, puisque le couperet tomba. Un renvoi. Parfait. Le brun sentit le soulagement de la blonde à ses côtés, mais remarqua surtout la réaction de l’autre. Surpris. Abasourdi. Non Nate, pas de sourire en coin pour enfoncer le clou. De toute façon, ce ne fut pas nécessaire puisque l’intéressé laissa éclater sa fureur sans attendre. Le brun l’observa, qu’il était pathétique à cracher son venin qui l’accusait encore plus, mais il dut prendre une longue inspiration en détournant le regard lorsqu’il parla à Casey dans des termes peu plaisants. Puis à lui. Un petit chiot ? C’était mignon. Il aurait pu éclater de rire pour l’énerver davantage s’il ne mettait pas toute son énergie dans un contrôle de secours ayant pour seul objectif de ne pas rendre la monnaie de sa pièce à cet individu. Il ne manquerait pas que lui soit viré aussi uniquement pour avoir voulu défendre son honneur. Tant pis, il devait accepter les insultes qui le mettaient en rage. La main de Casey fut d’ailleurs salvatrice dans cette lutte pour ne pas s’enflammer à son tour, puis l’autre fut mis à la porte, littéralement. Enfin. Quelle scène !

C’était terminé, pour de bon. Casey et Nate échangèrent quelques derniers mots avec le responsable de l’université avant de sortir dans le couloir. Oh, Nate savait qu’il aurait sans doute à le rencontrer à nouveau sous peu pour parler de cette relation éphémère lorsque la jeune femme était encore dans l’université. Rien de bien méchant, mais la routine quand il y avait des questions sans réponse. Surtout dans ce contexte. La jeune femme serra sa main, sur la retenue très certainement puisqu’il y avait du passage dans cette partie de l’université. Mais Nate, lui, n’en avait plus rien à faire. De toute façon, c’était ça ou il laissait sa colère d’avoir entendu de tels mots. Il l’attira à lui pour une étreinte rapprochée afin que son contact l’apaise. Qu’il efface ce regard errant dans des eaux trop sombres et l’empêche de faire une bêtise alors qu’ils avaient réussi à aller jusqu’au bout de cette affaire sans le moindre faux pas. Restant un instant contre elle, il ne se souciait pas de ceux qui passaient dans le couloir. Cette histoire de harcèlement avait fait grand bruit, tout le monde savait ce qui l’avait déclenché. Qui l’avait déclenché. Et puis, Nate n’avait jamais caché sa relation avec la jeune femme depuis novembre. Ses collègues le savaient, ils avaient été vus ensemble à plusieurs reprises, que ce soit en ville ou dans l’enceinte même de l’université. Pourquoi chercher à se cacher ce qui se saurait encore plus dès le lendemain ? Pour la pudeur, peut-être. Ah oui, la pudeur. Alors Nate se détacha d’elle. Il tenta un sourire, peu convaincant. C’était étrange comme lui paraissait beaucoup plus affecté alors que tout ça était terminé. Mais il y avait encore ces mots, ce regard, ce ton. Une rage et des menaces qu’il ne supportait pas. « Tu veux pas qu’on sorte ? J’ai besoin de prendre l’air. » Juste marcher quelques instants, aux alentours de l’université. Profiter d’un environnement différent que ces murs qui lui donnaient actuellement l’impression d’étouffer. À vrai dire, sa question n’en fut pas une puisqu’il entraîna Casey par la main, direction son bureau pour reprendre leurs vêtements chauds puis ils sortirent. Un peu de neige, un peu d’air frais. Rien de mieux pour se changer les idées. Tant pis s’ils étaient dévisagés par quelques étudiants sans doute au courant de ce qu’il venait de se passer avec le conseil. En même temps, difficile de ne pas entendre l’historien cracher son venin à la figure d’un pauvre collègue de langue malheureusement dans le coin, à quelques pas. Et, pas de chance, il tourna la tête lorsque ses accusateurs passèrent. « O’Reilly ! Tu crois que tu peux t’échapper discrètement avec celle-là ? » Raté pour le changement d’air. Il déboula à côté d’eux alors que le géographe se plaçant légèrement en avant, pour ne pas laisser Casey à sa merci. « Vous allez le regretter vous deux... » Et encore le même discours. Il ne s’en lassait pas ? Nate, si, alors il ne se fit pas prier pour le couper. « Arrête, tu ferais mieux de partir avant de te ridiculiser un peu plus. » Qu’il lâcha, d’un calme olympien alors qu’il n’avait qu’une envie, lui arracher la tête. Puis il fit un signe de main pour l’inviter à regarder autour. Tout le monde le regardait. Et encore, l’historien avait de la chance que ce ne soit pas l’été et que toute l’université ne soit pas à traîner sur les pelouses ou à l’ombre des arbres. Cette chance tourna à l’avantage du géographe et de la littéraire lorsque l’autre décida de se donner en spectacle en déclamant haut et fort sa prochaine réplique de façon théâtrale. « Ah oui… t'as peur de quoi ? Chers étudiants, je vous présente le seul professeur de cette université qui a touché une étudiante ! » Oh non, il n’avait pas osé… « Enfin... qui a couché avec une étudiante puisque tout le monde veut savoir l’absolue vérité dans ce trou à rats ! » Nate ferma les yeux et secoua la tête. Adieu sa réputation lisse et parfaite. Même s’il n’avait rien à se reprocher et que cela venait d’un parfait imbécile discrédité. Contrôle. Il fallait qu’il garde le contrôle. Ce n’était pas le moment de se laisser aller à une envie stupide. « Tu trouves rien à répondre, hein ? Peut-être parce que j’ai raison... » L’autre se rapprocha dangereusement, pour lui et pour le contrôle de Nate si difficile à garder. Puis il sortit d’autres interrogations et remarques à voix basse, sans nul doute pour le faire craquer devant tout le monde et l’entraîner dans sa chute. « C’est quoi, hein ? J’ai pas pu la tester, alors dis-moi. Sa taille ? Sa poitrine ? Non... son déhanché, je parie. » Qu’il sortit d’un air satisfait et répugnant. Mais il avait réussi. Il avait réussi à rendre Nate fou de rage et sur le point d’exploser. Son regard disait tout, surtout cette irrépressible envie de lui coller son poing en pleine figure pour avoir osé parler ainsi.

Affreusement nerveuse, elle attendait dans le bureau de Nate, heureusement qu'il était là également. Bien sûr, il paraissait calme, comme souvent. Il avait une maîtrise de lui-même impressionnante. Elle avait pourtant remarqué des instants de colère durant les témoignages, ce qui était logique, elle en avait ressenti également. Mais une pointe de peur ne voulait pas la quitter… et si ? Et si ce prof n'était pas renvoyé ? Cela impliquerait plein de chose pas forcément positive. Surtout pour Nate, elle avait l'impression ce qui ne lui plaisait pas du tout. Après, de manière objective, l'université ne pouvait pas prendre la décision de garder ce professeur qui avait harcelé plusieurs étudiantes au fil des ans. Une étreinte pour se rassurer, surtout elle, elle le savait bien et ils arrivèrent dans le bureau où ils auraient enfin la réponse définitive sur toute cette histoire. Elle avait hâte d'en voir la fin, aucun doute. Quelques minutes d'attente encore et puis la décision tomba. Renvoi avec effet immédiat. Elle était ravie, évidemment, mais elle n'en dit rien et ne lâcha même pas un sourire. Oh oui, elle savait que les représailles allaient venir et autant ne pas ajouter de l'eau à son moulin. Elle serra d'ailleurs la main de Nate rapidement quand l'autre professeur se mit à parler. Il fallait qu'il garde son calme même s'il venait de la traiter d'allumeuse puis de garce et qu'il avait traiter Nate de petit chiot. S'énerver ne servirait à rien, de cela, elle était sûre malheureusement. Elle ne pouvait pas dire que voir son homme frapper ce monstre ne lui serait pas bénéfique ou ne lui ferait pas plaisir… mais elle ne pouvait pas l'encourager à cela.

Lorsqu'ils sortirent enfin tous les deux du bureau, elle serra sa main encore plus fort, pour obtenir le soutien dont elle avait besoin, n'osant pas se tourner pour se blottir contre lui. Mais elle ne put que sourire quand il l'attira dans ses bras. Elle l'entoura des siens et soupira doucement de bien être, de soulagement après cette journée chargée. C'était fini. Enfin… elle l'espérait, mais il y avait toujours le risque qu'ils tombent sur l'autre abruti. Le sourire du jeune homme était plutôt étrange, pas complet. Elle imaginait facilement qu'il soit encore énervé par tout ce qui avait été dit. Et puis elle était soulagée mais encore perturbée par tout cela, alors elle fut ravie quand il lui proposa de sortir pour prendre l'air. Elle hocha la tête mais il n'avait même pas dû le voir avant de l'entraîner à sa suite. Arrêt à son bureau pour s'équiper et puis direction la porte d'entrée de l'université. Mais bien sûr, il fallait que la route ne soit pas libre. En entendant la voix du professeur d'Histoire se lever contre un autre prof, elle croisa les doigts pour qu'il ne les voie pas passer, mais c'était loupé. Voilà qu'il était déjà près d'eux, Nate se plaça d'ailleurs pour que Casey ne lui fasse pas directement fac. Elle lui en fut reconnaissante.

S'échapper avec celle-là… sympa. Et puis encore des menaces, ils allaient le regretter. Nate arriva à rester calme, encore et lui conseilla de partir avant de se ridiculiser encore plus. Il avait raison évidemment, mais l'autre ne l'entendant pas comme ça. Évidemment, il ne pouvait jamais s'arrêter. Elle fut choquée par ses propos, elle n'était déjà plus étudiante à ce moment-là… Il y avait quelques étudiants autour d'eux et tout le monde s'était arrêté pour les observer, d'autres arrivaient d'ailleurs. Non, il avait tort. La colère commençait à monter en Casey également. Elle se mit à trembler légèrement et serra les poings. Suffisamment proche, elle entendit les remarques à voix basse du professeur et elle n'était pas la seule. Au moins une étudiante avant entendu également au vu de son visage et du fait qu'elle venait de porter la main à sa bouche choquée. Tant mieux, des témoins. Et puis il ne fallait pas que Nate pète les plombs, ça pourrait nuire à sa carrière au sein de l'université. Casey s'en fichait un peu pour elle, parce qu'elle ne comptait pas enseigner ici et certes, elle avait son mémoire à passer, mais au pire, ça prendrait encore du temps et tant pis. Elle fit un pas de côté et s'avança en direction du professeur de géographie. "Il y a une raison pour laquelle avez rien pu tester. Vous êtes un gros porc dégoûtant et avec ça complètement idiot. Alors vous feriez mieux de partir d'ici avant de vous être complètement grillé. Même si c'est déjà clairement le cas pour cette université." Elle serra les dents un instant. "Et pour information. Pour tout le monde d'ailleurs, je n'ai jamais été étudiante dans cette université. J'ai été assistante du professeur de littérature et doctorante et le professeur O'Reilly n'a jamais été mon répondant ou eut quoi que ce soit à voir avec mes études."

Elle fit un pas en arrière et l'observa un instant, dédaigneuse. "Mais continuez et je porterais plainte pour harcèlement et menace auprès de la police. J'ai suffisamment de témoin aujourd'hui pour pouvoir le faire. Et vu les témoignages portés au conseil aujourd'hui, je pense que vous allez avoir des ennuis. Alors oubliez-nous et foutez le camp !" Elle était en rage à vrai dire, ses yeux lançaient des éclairs et elle tremblait légèrement, les poings serrés. Elle ne se mettait que très rarement dans cet état, à croire que cet abruti de prof d'Histoire était suffisamment insupportable pour la mettre hors d'elle, ce n'était d'ailleurs pas la première fois. Mais à ce point ? Peut-être bien. Elle ne savait pas trop à quel point elle s'était mise en colère dans le bureau de Nate, mais il lui semblait un peu moins. Elle se risqua à un regard autour d'elle, la plupart des élèves semblaient en accord avec elle, seuls quelques-uns semblaient désapprouver. Mais ce n'était pas sûre qu'il désapprouvait ses propos, plutôt la situation. Mais elle reconnut au moins deux élèves venant du département d'Histoire. Dans le fond, tout cela n'avait que peu d'importance. Elle savait qu'elle était dans son droit avec tout ça. Enfin peut-être pas du crier dans un couloir, mais ce professeur était un abruti, la plupart des gens censés le savaient depuis longtemps, les autres commençaient à le comprendre et quelques exceptions continueraient à soutenir le professeur renvoyé.

La décision était prise et elle était en leur faveur. Soulagement. Nate avait refusé d’imaginer l’alternative, ce qu’il se passerait si l’opposé s’était passé. Ça aurait pu devenir un cauchemar pour lu, au quotidien, s’il avait dû collaborer avec cet individu ne serait-ce qu’une fois de plus. Rien que son visage le répugnait à présent. Savoir qu’il avait été insistant avec Casey, beaucoup trop insistant… Qu’il l’avait regardé de ses yeux perçants, s’imaginant sans nul doute être en sa compagnie… Ugh. C’était pire que du dégoût, à ce niveau. Bien sûr que les autres témoignages avaient compté, mais pas autant pour Nate qui n’avait eu besoin que de la parole de sa compagne pour avoir une folle envie de faire tomber son collègue. Voilà qui était fait. Mais l’amertume, la rancœur et l’écœurement accumulés ne pouvaient pas s’évaporer en un instant. Au contraire, ces poids ne firent que s’imposer maintenant que le couperet était tombé. Alors il avait besoin de Casey, il avait besoin de son contact salvateur qui chassait toute la noirceur de sa psyché. Ne se souciant que peu du regard des autres, il l’enlaça alors en plein couloir, atténuant ainsi son envie d’exploser, son envie de déverser enfin tout ce qu’il avait gardé en lui, tout ce qu’il avait dissimulé pour ne pas paraître affecté par la situation. Merde, il avait côtoyé un harceleur et ne l’avait même pas remarqué. Pire, combien d’autres peuplaient cette université ? Oh, Nate n’allait pas se lancer dans une chasse aux sorcières, comme les conservateurs se croyant tout permis l’appelaient, mais il serait clairement plus attentif.

Une fois dehors sous son impulsion, les choses ne s’arrangèrent malheureusement pas. Raté, lui qui voulait profiter de l’air frais pour se changer les idées. Il n’avait à la place que la voix de l’autre insupportable qui se plaignait à qui voulait l’entendre qu’il avait été renvoyé injustement. Que les étudiantes n’étaient que des allumeuses prêtes à tout pour avancer à l’université. Mais bien sûr. Pour qui se prenait-il ? Comme si être dans ses bonnes grâces était un privilège. Il fallait voir où ça le menait, à se ridiculiser sur place. Le géographe aurait souhaité l’éviter, pour le bien de chacun. Celui de Casey, qui avait déjà assez souffert de la situation, mais aussi le sien, pour qu’il ne soit pas tenté de faire quelque chose qu’il regretterait à coup sûr. Malheureusement, l’historien se jeta presque sur eux et commença à les menacer. Pour rester dans le même registre. Puis il essaya de discréditer Nate, d’étaler au grand public sa relation avec une étudiante. N’importe quoi. Ça n’avait jamais été un problème du niveau de l’université, pas vrai ? Juste deux adultes consentants qui ne travaillaient pas dans le même département. Qu’y avait-il de mal ? Mais le géographe savait pertinemment ce qu’il essayait de faire et malheureusement, il réussit, en sortant les pires grossièretés sur Casey. C’en était trop. Nate allait franchir la limite, il le savait. Il allait le faire taire, que ce soit par ses mots ou par son poing. Aveugle à la situation, il ne remarquait même plus les étudiants abasourdis par la scène dont il était témoin. Dommage, il aurait pu se rendre compte qu’ils étaient pour la plupart devenus des alliés dans ce qui devenait un terrible combat de coqs qui pouvait mal terminer.

Par chance, Casey le retint dans son élan en faisant face à nouveau à l’autre. Et elle prit les devants, exactement comme dans ce bureau où tout avait commencé. Pour le meilleur. Pour que Nate n’ait pas à briser des années de travail en remettant sa crédibilité en question à cause d’un tel conflit. Il n’en valait pas la peine, qu’il se répétait. Il n’en valait pas la peine. C’est alors qu’il détourna le regard, écoutant son discours et surtout remarquant les étudiants amassés autour. Quelle honte. C’était dur à digérer, pour un homme si attentif à son image, de se retrouver traîné dans la boue de la sorte. Oui, c’était ce qu’il ressentait même s’il n’était coupable de rien. Coupable d’avoir osé tenir tête à un collègue, d’avoir soutenu la voix d’une femme dans un milieu qui les faisait d’habitude taire. Coupable de rien, exactement. La police ? Est-ce qu’elle envisageait sérieusement d’aller voir la police maintenant ? Oh, ce serait sans doute pour le mieux. Surtout que la scène était loin d’être terminée.  « La police… ? T’as peut-être pu berner l’université, mais ils sont pas aussi cons à la police ! » Parce qu’il n’en avait toujours pas assez avec ce que venait de lui dire Casey ? Quel imbécile.  « Et encore moins cons que toi, O’Reilly. » Qu’il lui cracha presque à la figure, avec son air arrogant à donner la nausée. Oh non, c’était beaucoup trop. Nate profita du mouvement de recul de la jeune femme qui toisait l’historien pour reprendre sa place entre eux. Il s’apprêtait à enfin répliquer lorsque l’autre trouva encore quelque chose à dire. Encore. Le pauvre se vendait tout seul, avec toutes ses remarques désobligeantes.   « J’espère qu’elle pensera à moi cette nuit. » Tout en ajoutant quelque chose d’indicible qui le mettrait un peu plus hors de lui et en approchant sa main de la jeune femme. Pour quoi ? La toucher ? La provoquer ? Nate n’attendit pas de savoir et lui attrapa le bras immédiatement, l’empêchant de faire le moindre mouvement supplémentaire. « Ne t’avise pas de la toucher. » Qu’il finit enfin par prononcer, après trop de silence. Son regard était assassin et sa respiration commençait à ne plus se contrôler. Stop, Nate. C’était déjà le geste de trop. « Ou quoi ? Tu vas me frapper ? Devant tout le monde ? Et qu’est-ce qu’il va advenir du petit Nate à sa Casey ? »  N’écoute pas, Nate. Les yeux fixés dans ce regard provocateur, il tenta d’écouter la voix de la sagesse. Celle qui lui disait de lâcher son emprise de plus en plus puissante et de s’en aller avant que tout ne dérape. Mais il lui fallait du temps, il fallait que cette voix s’impose et l’emmène d’elle-même à l’écart. Il fallait que Casey soit cette voix, ou il était perdu.

Se retrouvant enlacée par son homme à la sortie du bureau du conseil, elle fut tellement soulagée et cela la calmait toujours autant. Elle était sûre que ce contact soulageait Nate aussi, qu'il le calmait. Elle l'admirait pour avoir réussi à garder son calme malgré les insultes qui étaient sorties de la bouche de cet abruti de prof d'Histoire. Elle savait à quel point il pouvait être sanguin et elle savait très bien également à quel point, il détestait qu'on l'insulte elle, il le supportait vraiment mal. Il était resté calme et elle en était ravie parce qu'elle ne voulait pas qu'il puisse être mis à mal dans son rôle à l'université. Il en était hors de question. Elle allait essayer de le garder calme, c'était vital. Elle se laissa entraîner à sa suite, elle serait ravie de prendre l'air. Mais évidemment, ils ne pouvaient pas avoir la paix… l'abruti était encore dans le coin. Et il faisait un scandale à qui voulait bien l'entendre.  Il se donnait clairement en spectacle et cela ne l'aiderait en rien. Ils essayèrent de passer inaperçu mais ce fut peine perdue. Il leur sauta presque à la gorge étalant leur vie privée en la présentant de manière horrible… évidemment. Les élèves autour semblaient choqués, mais ceux qui n'avaient que peu d'avis sur cette histoire commençaient à se faire leur opinion… elle ne voyait pas grand monde qui acclamait, même en silence, les propos de l'abruti en question.

Devenant folle de rage, elle s'interposa entre Nate et cet homme abject. Évidemment, ce n'était pas seulement parce qu'elle était en colère… mais aussi parce que Nate n'était pas loin d'exploser et cela pourrait nuire grandement à son emploi à l'université. Même si sur le long terme, ça n'aurait pas d'impact, elle savait qu'il risquait d'être sanctionné s'il se battait ici. Ce fut donc elle qui tint tête à cet idiot de prof d'Histoire et le menaça à son tour… elle pouvait aller à la police, elle avait suffisamment de témoins et au vu des hochements de tête, il y aurait même des volontaires pour la soutenir. Évidemment, il répondit sans honte que jamais la police ne la croirait. La police n'était pas aussi idiote que l'université et pas aussi idiot que Nate. Il cherchait vraiment le bordel celui-là. Nate se replaça entre eux, évidemment il voulait la protéger. Le truc, c'est qu'elle voulait la même chose. Sa remarque suivante la choqua, il n'y avait aucune chance que cela arrive… aucune. Il tendit alors la main pour atteindre la jeune femme qui fit un pas sur le côté alors que Nate lui attrapait le bras tout en lui intimant de ne pas la toucher. Elle fut soulagée, elle n'avait aucune envie d'un contact de cet homme, jamais plus. Elle en avait marre de ce gars qui ne cessait jamais de l'ouvrir…

Sachant très bien que ça pouvait dégénérer d'une seconde à l'autre, elle s'avança un peu et posa sa main sur le poignet de Nate, celui qui tenait encore l'autre professeur. Et elle murmura son prénom. "Nate…" Ce murmure l'appelait à elle. Elle aurait voulu pouvoir les séparer elle-même et simplement prendre son homme dans ses bras pour le remercier de ce qu'il avait fait pour elle et également lui permettre, peut-être, de revenir à la réalité, à elle, tout en se calmant un peu. "Il n'en vaut pas la peine. Vraiment pas. C'est juste un cloporte… agaçant, dégoûtant, mais qui ne peut pas nous faire de mal. Viens, rentrons…" A vrai dire, c'était tout ce qu'elle voulait. Elle avait envie de se retrouver seule, avec Nate afin d'oublier cette journée. Le ricanement de l'autre abruti ne fit faire à son sang qu'un tour. Elle commençait à en avoir marre de cet abruti. Et de toute façon, elle ne pouvait pas laisser Nate lui régler son compte, ce qui serait pourtant très satisfaisant. Parce qu'à voir la colère dans les yeux de Nate, il anéantirait ce petit prétentieux rapidement. Elle fit un pas en avant et lui fila une gifle retentissante. Pas à Nate évidemment, à l'ancien professeur d'Histoire qui aurait dû partir il y a bien longtemps déjà. "Si tu crois pouvoir faire du tort, tu te plantes. Tu n'as plus rien à faire dans le coin, alors va-t-en avant que quelqu'un n'appelle la police et que tu finisses derrière les barreaux pour quelques jours." Une étudiante dasn le champ de vision de Casey sortit d'ailleurs son téléphone. En lui jetant un coup d'œil, elle la reconnut, c'était une des jeunes femmes qui avaient témoignés aujourd'hui.

Le professeur venant d'être viré avait suivi le regard de la jeune femme et vit qu'il n'était clairement pas entouré que d'amis, les regards le jugeaient. Et pourtant, pourtant, il ne recula pas, ni ne fit aucun mouvement de départ. Il était donc temps que ce soit Nate et Casey. Et même si l'autre idiot penserait à une petite victoire, il fallait que ça n'ait pas d'importance, parce que ce n'était pas le cas. Prenant la main de Nate, elle le tira à sa suite de quelques mètres et quand il la regarda, elle lui sourit. "On a gagné la grande bataille d'aujourd'hui. Laisse-le dire, partons…" Elle espérait que ses yeux s'éclairciraient rapidement, même si elle n'avait aucunement peur des yeux noirs de colère de son amour. Elle se blottit contre lui un instant et grimpa sur la pointe de ses pieds afin de poser un baiser sur ses lèvres. Elle posa une main sur chacune de ses joues. "Je vais aller à la police, hors de question qu'il s'en sorte aussi bien. Mais il faut lâcher l'affaire, mon amour. Si tu le frappes, ça sera satisfaisant juste quelques heures avant que tes ennuis commencent." Douce, elle lui tendit ensuite la main. "Tu me ramènes chez nous ?" Ses yeux bleus le suppliaient de l'écouter et de ne surtout pas suivre la rage qu'il semblait ressentir par vague encore...

Le conflit allait dégénérer, c’était évident. Le professeur renvoyé n’avait plus rien à perdre, à part sa dignité peut-être, alors il s’enfonçait davantage dans ses grotesques menaces et révélations à qui voulait l’écouter. Tout le monde aux alentours, donc. C’était une scène bien trop palpitante pour ne pas s’y intéresser, au grand désespoir de Nate qui se retrouvait dans l’exacte situation qu’ils avaient réussi à éviter jusque là. L’information ferait le tour de l’université en un clin d’œil. Pire, certains étaient peut-être en train de filmer le spectacle bien rare, surtout en public. Raison de plus pour garder le contrôle. Le géographe fournissait alors des efforts incommensurables pour ne pas laisser exploser la fureur qui le gagnait à chaque fois que l’autre se permettait un commentaire répugnant, une insulte révoltante. Principalement lorsqu’ils étaient dirigés vers Casey. Lui, il pouvait bien tout entendre, ça ne l’atteindrait pas autant que d’entendre la jeune femme être rabaissée ainsi. Pourtant, il restait muet. Incapable de la défendre, de prendre la parole, sans prendre le risque de déraper. Qu’est-ce qu’il détestait se retrouver pris au piège de la sorte. Et ça, ça le mettait encore plus en rage. Il finit tout de même par s’interposer, alors que la doctorante s’était défendue toute seule, et avec brio. Il en aurait été fier, s’il n’était pas aveuglé par sa colère.

Le contact tant redouté arriva. Oh non, ce n’était pas un poing contre un visage, mais ça pourrait vite le devenir. Cet imbécile avait osé tenter une approche, avancer sa main en direction de Casey. L’ultime affront pour que Nate décide d’agir, bien qu’il fit de son mieux pour rester mesuré. Une simple emprise sur son bras pour arrêter son geste, c’était bien suffisant. C’était déjà trop. S’accrochant au peu de bon sens qui lui restait dans cette situation, il resta parfaitement immobile. Il ne fallait pas entrer dans son jeu. Surtout pas. Surtout pas, Nate. Par chance, Casey comprit qu’il n’attendait qu’elle pour l’apaiser et l’empêcher de franchir la ligne de trop. Quel spectacle pathétique ils donnaient d’eux-mêmes. Pathétique. Ce mot lui revenait sans cesse à l’esprit. Pathétique. Sauf qu’il était pour lui-même, à présent. Pathétique. Parce qu’il était incapable de faire payer l’autre pour ce qu’il avait fait, ce qu’il avait dit. Incapable ? Oh que si, il était capable. C’était bien là le problème. Il était capable, mais ne devait absolument pas le faire. Pathétique. Parce qu’il devait paraître faible devant tout ce petit monde et surtout, devant cet ancien collègue avec son sourire satisfait. Oui, il avait réussi à le rendre fou de rage. Toujours fixé sur l’historien, il se laissa porter doucement hors de cette tension par sa voix. Il n’en valait pas la peine, elle avait totalement raison. Il le savait, mais il fallait qu’il l’entende. Il avait besoin d’être guidé, d’être convaincu. Puis le ricanement de l’autre le ramena brutalement à la réalité du conflit. Il allait l’avoir, son poing dans la figure. Il allait l’avoir. Sauf que Casey réagit avant et lui infligea une lourde gifle. Absolument méritée. Qui ne réglerait aucunement leurs problèmes, mais qu’est-ce qu’elle était satisfaisante à voir. Tellement que Nate finit par lâcher son emprise tout en restant sur place, prêt à réagir à son tour si l’autre n’avait toujours pas compris et était assez fou pour s’en prendre à la jeune femme. Mais non, il n’était pas fou, juste stupide et d’une lourdeur incomparable. Il restait là, comme un idiot, à les toiser en attendant que le géographe craque. Manque de chance, les paroles de Casey faisaient son effet et elle parvint même à l’extraire de la situation en prenant sa main. L’autre avait gagné, oui, et ça n’arrangeait rien à sa fureur, mais elle avait raison. Eux, ils avaient gagné bien plus important en ce jour. Ce serait dommage de tout gâcher pour une histoire d’ego.

Pourtant, cette histoire comptait autant pour Nate. Et s’imaginer figé par la colère aux yeux de tous… Quel cauchemar. Voilà maintenant que Casey leur donnait un autre spectacle, celui de leur complicité. Aveuglé par son trop-plein d’émotions sur le point d’exploser, il avait presque eu envie de la repousser, de l’empêcher de les afficher ainsi. Et l’autre qui commentait tout, quelques pas plus loin. Même le facteur ne l’avait pas poussé à un tel ressentiment, pour dire. Mais il se laissa faire. Elle n’avait pas à payer pour les horreurs de l’autre, jamais. Il finit par s’apaiser un peu, juste assez pour reprendre ses esprits et hocher la tête à sa demande. Retrouver la voiture et Redwood Hills. Le trajet se déroula dans un silence lourd. Nate ressassait toute la journée. Le conseil, parfaitement mené et à l’issue favorable, jusqu’à cette rencontre devant l’université. Avec témoins. La fureur revenait, par vague. Nate commençait à reprendre le contrôle, puis se souvenait d’un sourire révoltant, d’un mot outrancier. Il y avait toujours quelque chose pour le ramener à cette colère. Une fois arrivés, il sortit de la voiture et n’attendit pas la présence de Casey à ses côtés pour entrer chez eux. Il avait besoin d’un verre. Plusieurs, sans doute. Jetant ses clés sur la table de l’entrée, il se débarrassa de son manteau et s’empressa de se servir un verre en le finissant sur-le-champ. Mauvaise idée. Mais c’était mieux que de se retrouver à accabler Casey de tous les maux, comme la dernière fois qu’un imbécile s’en était pris à lui. Le brun le sentait, il fallait que ça sorte. Il fallait que la rage éclate. C’était le prix à payer pour avoir gardé le contrôle si longtemps. Alors il trouva un moyen de secours pour éviter ce spectacle à la jeune femme, tenter de noyer ses émotions. Se servant le deuxième verre, il sentit la présence de la jeune femme qui s’approchait. Oh, elle jouait à un jeu dangereux en ne le laissant pas seul pendant ces épisodes. Très dangereux.

Bien sûr, ça s'en allait sur une catastrophe. L'ancien professeur d'Histoire n'arrivait pas à fermer sa grande bouche et un nombre incalculable d'insanité. La plupart était dirigée contre elle évidemment, il devait s'être rendu compte que ça avait encore plus d'effet sur Nate. Beaucoup de gens les observaient, évidemment, un conflit du genre ne pouvaient qu'encourager les rumeurs et les curieux. Mais elle voyait aussi que la plupart d'entre eux n'étaient pas en faveur du professeur qui s'était fait virer mais pour Nate et Casey. La plupart des étudiants appréciait le professeur de Géographie et Casey était relativement appréciée également, surtout dans son département mais quand même. Elle se rendait tout à fait compte que Nate devait se faire violence afin de ne pas casser la gueule à cet abruti qui les insultait en continu. Mais il savait également qu'il devait rester calme, qu'il ne devait pas péter les plombs… Alors elle s'interposa et se défendit seule. Elle le menaça d'aller à la police, menace qu'elle pensait sincèrement, elle allait le faire. Il ne méritait aucune pitié et puis elle aurait suffisamment de témoins pour obtenir une injonction d'éloignement. Ce ne serait peut-être pas nécessaire, mais elle aimait autant mettre les choses aux claires avec la justice rapidement, histoire qu'il soit arrêté en cas de harcèlement. Ce qui pourrait arriver vu son humeur du jour…

Et puis il tenta d'agripper Casey. Heureusement, son homme eut le bon réflexe et attrapa le poignet de cet homme avant qu'il ne puisse, ne serait-ce que frôler la jeune femme. Elle en fut extrêmement soulagée. Elle n'avait absolument aucune envie d'être touchée par ce cloporte. Elle tenta de le calmer comme elle pouvait avant de s'approcher de l'abruti pour lui tirer une gifle retentissante qui le laissa un instant sans mots, évidemment. Il ne s'attendait pas à ce qu'une femme ose lever la main sur lui. Il lâcha le poignet de l'idiot. Elle prit délicatement sa main et ça sembla fonctionner. Elle en était extrêmement soulagée. Oh oui, elle savait qu'elle se donnait légèrement en spectacle vu le monde qui les entourait, mais elle les avait tous complètement oublié, se concentrant uniquement sur cet homme qu'elle aimait et qu'elle ne voulait pas voir gâcher sa carrière pour un abruti. Bien sûr, le grand idiot commentait allègrement ce qu'il se passait, mais elle tentait tant bien que mal de l'ignorer. Il fallait qu'ils restent tous les deux le plus calme possible. Elle lui demanda de la ramener, de rentrer chez eux maintenant. Et il se calma suffisamment pour acquiescer. Un soulagement intense la prit. Elle ne voulait pas qu'il ait des ennuis, pas à cause d'elle. Même si ça n'aurait pas vraiment été sa faute, elle se serait tout de même sentie coupable.

Le trajet fut totalement silencieux. Un silence lourd de tout ce qu'il s'était passé il n'y a pas si longtemps. Elle avait décidé de ne pas briser ce silence pour ne rien empirer. Elle voyait bien son homme s'enfoncer dans sa rage trop longtemps contenue. C'était mauvais signe, elle n'avait pas envie de se ramasser des horreurs de la part de Nate. Elle le laissa sortir de la voiture en trombe pour rejoindre leur maison et elle le suivit de pas trop loin. Après avoir déposé son manteau à son tour, elle l'observa depuis l'entrée de la cuisine. Il se descendit un verre cul sec. Il en avait sûrement besoin. Elle s'avança doucement. Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état et si sa rage devait exploser et puis elle en subirait les conséquences… ce qu'elle n'espérait pas, évidemment. Elle avait une petite idée de comment relâcher la pression de manière bien plus saine… et qui ne ferait de mal à personne… enfin peut-être un ou deux bleus à cause de l'intensité, mais c'était le jeu. Elle s'approcha doucement de lui, pour ne pas avoir droit à de geste trop brusques… elle passa ses bras autour de lui et posa ses lèvres dans son dos. "J'ai une idée… pour évacuer tout ce qui s'est passé aujourd'hui. Et ça t'évitera de finir ivre." Elle le fit se retourner et son sourire disait clairement l'idée qu'elle avait derrière la tête. Elle avait envie, elle avait besoin de tout oublier et lui aussi… alors quel meilleur moyen que l'entraîner dans une bataille passionnée et brûlante entre leurs draps. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser et pas avec douceur, mais bien avec une passion dévorante pour cet homme dont elle était folle. Folle amoureuse, folle de son corps, folle de lui, tout entier.

Elle se mordit la lèvre et passa doucement les mains sur son torse. Elle voulait lui sortir les événements de l'après-midi mais pas seulement, elle voulait s'en libérer également. Et quoi de plus libérateur qu'être au plus près de l'homme qu'elle aimait. Ensemble, envers et contre tout. Elle glissa les mains sous son pull et les glissa sur sa peau. Ses joues étaient rouges, mais elle ne cesserait pas, sauf s'il la repoussait trop pris dans sa rage, dans sa colère. "Je t'aime et j'ai besoin de toi…" Et lui avait besoin d'elle, elle en était certaine. C'était une certitude absolue à vrai dire. Elle tremblait doucement de hâte, de nervosité…

Nate avait cédé, mais heureusement, ce fut à Casey. Cette dernière avait réussi, l’espace d’un instant, à lui faire reprendre ses esprits, à le faire abandonner son face à face avec cet ancien collègue qui ne pouvait que mal tourner. Oh, la colère était toujours là. La rage de l’avoir entendu dire toutes ces insanités, tous ces sous-entendus abjects et insensés. Etait-il devenu fou, à se dévoiler ainsi en public ? Peut-être. La folie d’un homme prétentieux qui n’avait jamais imaginé, ne serait-ce qu’une seconde, perdre l’affaire à laquelle il avait été mêlé. Mais c’était sans compter sur la parole de son collègue géographe qui avait aidé à faire pencher la balance du bon côté. Des mots d’étudiantes ? Bien sûr qu’ils avaient de la valeur, mais ceux de l’universitaire avaient donné le coup de grâce. Qu’aurait-il pu y gagner, Nate, dans cette histoire ? Rien, absolument rien. Il avait tout à perdre, d’ailleurs. Le respect de ses collègues, de sa hiérarchie, sa réputation, son travail, même. Tout. Alors, forcément, il était difficile de ne pas le croire. Bien qu’il aurait été capable de le faire par pure vengeance contre cet individu détestable. Il avait pris le risque, il avait eu son rôle dans cette histoire et n’avait jamais hésité ou regretté. C’était peut-être ça, dans le fond, qui lui attirait les foudres de l’autre. Parce qu’il avait préféré croire une femme et pas son propre collègue. Tant pis pour lui, s’il était si étroit d’esprit.

Après avoir écouté les paroles de la blonde, Nate avait accepté de la suivre, de retrouver la voiture pour rentrer chez eux. Elle avait raison, l’autre ne valait pas la peine qu’il risque sa place à l’université. Même si l’envie de l’anéantir sur place était presque irrépressible, même s’il mourrait d’envie de le couvrir d’insultes et pourquoi pas de coups. Histoire de ne plus ressentir cette frustration immense qui s’ajoutait à la fureur. Léger problème. Ces deux-là ne faisaient pas bon ménage lorsqu’elles se mélangeaient dans l’esprit de Nate. C’était plutôt le cataclysme assuré. Casey en avait déjà fait les frais lorsqu’il avait croisé le facteur le mois dernier. Hors de question de lui faire subir sa rancoeur à nouveau. Alors il garda le silence pendant tout le trajet, se disant que ses émotions finiraient bien par le quitter. Pourtant, elles revenaient à chaque fois. Pire. Décuplées. Il le savait. Il allait devoir les évacuer d’une manière ou d’une autre. Mais comment, pour ne pas effrayer encore une fois Casey ? Pour ne pas engendrer une terrible situation qui mettait à mal leur relation ? Oh, la solution était simple, comme à chaque fois qu’il n’en trouvait pas. Noyer la colère. Noyer la frustration dans plusieurs verres Noyer tous ces souvenirs, tous ces mots qui lui revenaient en mémoire. A peine arrivés, Nate s’était donc précipité dans la cuisine pour se servir un verre d’alcool. N’importe lequel, ça lui était totalement égal. Puis un deuxième, qu’il n’eut pas le temps de boire puisque la jeune femme s’approcha de lui. Doucement, elle l’enserra et posa ses lèvres contre son dos. Mais ça ne l’aidait pas à se calmer. Oh non. Ça ne faisait que lui rappeler qu’il avait échoué à la défendre. Il vida le deuxième verre alors qu’elle lui annonça avoir une idée pour évacuer la pression. Ah oui ? Elle avait trouvé la recette miracle ? Il avait presque envie de lui répliquer qu’elle était bien trop naïve si elle croyait réussir à le calmer aussi facilement, si elle croyait échapper à un coup de colère.

S’apprêtant à se servir un troisième verre, dans une folie totale, il fut arrêté dans son geste par Casey qui l’invita à se retourner. N’avait-elle pas peur de le voir finir par déverser sa fureur sur elle ? Mais non, ce n’était pas ce qu’il remarqua dans son regard. C’était autre chose, de bien différent. Et lui ne comprenait pas. Comment pouvait-elle avoir envie de ça maintenant ? Pourtant, il la laissa faire. Il la laissa l’embrasser, restant tout d’abord froid mais finit par répondre à sa passion. Puis elle arrêta. A quoi jouait-elle ? Lui la fixait avec ses yeux noirs, de couleur et de fureur. Toujours. Il l’observa, immobile, poser ses mains sur lui. Sous son pull, contre sa peau. Elle avait besoin de lui. Oh, il ne lui en fallait pas plus pour réveiller un tout autre instinct. Et la rage se transforma en désir violent. Nate se pencha précipitamment pour sceller ses lèvres à celles de la jeune femme dans une passion brûlante. Sans attendre sa réaction, il enleva ses mains qui s’étaient perdus contre son torse afin de lui enlever son chemisier rapidement. Pas le temps d’ouvrir chaque bouton, il fallait qu’il vole sur-le-champ. Puis il décida de porter Casey, l’invitant à entourer sa taille de ses jambes, avant de la poser sur le plan de travail de la cuisine et de remonter sa jupe, sans aucune délicatesse. Il ne la laissait même pas réagir, obnubilé par sa terrible envie d’évacuer la tension accumulée depuis trop longtemps. Il ne profita pas non plus de ses bas qu’il lui ôta d’un geste presque brutal afin de ne plus être gêné par ces mailles qui l’empêchait de savourer pleinement le contact de sa peau. Tout cela, en quittant le moins possible ses lèvres qui le faisaient brûler de désir et en laissant son emprise impérieuse sur elle. Sur sa taille, ses hanches, ses cuisses. Elle n’était qu’à lui, et pas à l’autre imbécile.