Un événement organisé par la ville, un autre. Il était tentant mais elle devait avoué qu'elle n'était pas spécialement rassurée. Certes, le dernier événement qui avait terminé par une prise d'otage n'était pas tout à fait organisé par la ville, ou si ? Elle essaya de ne pas y penser. Chez Grace, elle s'habillait chaudement parce que la nuit serait froide, ils l'avaient annoncé à la météo. Claire, ce qui serait parfait pour observer les étoiles, mais glaciale, évidemment. Des vêtements thermiques, des bottes d'hiver, un pantalon par-dessus et puis encore quelques couches pour le haut. Le secret de la survie à l'hiver dans le Vermont ? Les couches et les vêtements de bonne qualité. De plus, Casey était plutôt frileuse… Une écharpe multicolore qui reflétait sa bonne humeur et un bonnet enfoncé sur sa tête, elle était prête à affronter le froid. Deux paires de gants étaient encore enfoncées dans les poches de sa veste, prête à toute éventualité. Elle s'y rendrait avec Grace, enfin avec les Fordham vu qu'il y avait les enfants également, pour n'y aller qu'avec une seule voiture, mais elle avait rendez-vous avec Nate… et rentrerait très certainement avec lui. Une fois arrivée sur place, elle passa un peu de temps avec les enfants avant d'aller un peu plus loin pour discuter avec une amie qu'elle avait reconnu. Jetant un coup d'œil sur son téléphone, elle n'avait toujours pas de nouvelles de Nate. Elle lui avait envoyé un SMS en arrivant, histoire qu'il sache qu'elle était déjà sur place. Un verre de chocolat chaud en main, elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil régulier autour d'elle pour voir s'il arrivait. Cela faisait deux jours qu'ils ne s'étaient pas vus, ça avait été long.

Bien sûr que Nate se méfiait de tout dans cette ville. De chaque événement, de chaque rassemblement. Mais la vie semblait avoir retrouvé son calme, après de mois de quiétude et même d’amusement. Il n’avait pas participé aux animations d’été mais n’en avait que du bien. Pourquoi serait-ce différent pour cette contemplation des étoiles en cette fin d’automne ? Et puis, il n’y serait pas seul cette fois-ci. Et ça, ça changeait tout. Un sourire accroché au visage, il se couvrait chaudement pour pouvoir surmonter cette soirée glaciale. Une écharpe épaisse, un manteau au-dessus des vêtements chauds et des gants. Oh, il ne serait sans doute pas assez couvert. Nate avait horreur de ces vêtements affreux qui lui donnaient un air ridicule. Il se décida donc à emporter une couverture, comme indiqué dans l’article, et n’avait plus qu’à espérer qu’un vent froid ne vienne pas ruiner sa soirée. Au pire, il y aurait toujours Casey pour le réchauffer. Et son téléphone qui l’extirpa de ses pensées. Casey était déjà là-bas. Dommage, il serait passé chez Grace pour l’emmener sinon. Enfin, ils auraient tout le temps de rattraper ces deux jours de solitude là-bas et plus tard. Il ne tarda pas à arriver au point de rendez-vous, ou plutôt à cette colline dont il avait déjà oublié le nom. Est-ce qu’elle en avait un au moins ? Bref. Emmitouflé dans son manteau, bien au chaud, il se dit qu’il avait bien eu raison d’apporter cette couverture qu’il portait au bras. Mais ce qui l’intéressait surtout, c’était de retrouver cette femme qui avait réussi à lui redonner le sourire. Il parcourra des yeux la foule qui commençait à s’amasser. Puis il tomba sur une silhouette qu’il reconnaîtrait entre mille, malgré tous ces vêtements. Ce qui lui décrocha un léger rire. Elle comptait déménager au pôle nord dans la soirée ? Il rirait sans doute moins plus tard. Le professeur s’approcha d’elle, dans son dos, pour qu’il puisse la surprendre. Puis, après avoir laissé la couverture tomber juste à côté de lui, passa ses mains sur sa taille, son ventre pour l’enlacer et s’inclina pour déposer ses lèvres sur sa joue. Dommage, son cou était bien trop couvert pour qu’il puisse l’atteindre. « Bonsoir. » Et un sourire, bien trop heureux, sur le visage.

En observant les alentours pour essayer de repérer Nate, elle reconnut plusieurs personnes et fit signe à quelques-uns. Elle adorait ce genre d'événements, elle était résolument sociable, même si durant quelques mois, elle ne l'avait pas été. Elle vit un ou deux regards étranges et tenta de ne pas y faire attention. Ça continuerait quelques temps, elle en était consciente. C'était les conséquences de ses propres actes, elle allait simplement devoir l'accepter et surtout l'assumer. Elle tenta de ne plus y penser et se concentra sur le reste. Et soudain, elle fut enlacée par derrière et des lèvres se posèrent sur sa joue. Elle reconnut immédiatement sa voix. Nate. Un sourire apparut sur ses lèvres, plus large encore. Elle avait légèrement sursauté avant d'entendre sa voix d'ailleurs. Elle se retourna et se mit sur la pointe des pieds pour en poser un nouveau sur ses lèvres. "Bonsoir… L'homme que j'attendais." Elle l'entoura de ses bras. "Tu m'as manqué." Pourquoi s'empêcherait-elle de le dire ? Aucune raison. Se reculant d'un pas, elle l'observa. Il était toujours aussi beau… ça, elle n'allait pas le lui dire. "Tu sais que tu vas avoir froid ?" Elle sourit, amusée. "Il manque au moins deux couches ! Et je te préviens, je te prêterais pas mon écharpe." Elle rit et lui vola un nouveau baiser, serrant doucement sa main. "Tu t'y connais un peu en étoile ? J'aime les dessiner, mais je n'arrive jamais à les trouver dans le ciel." Elle l'entraîna avec elle. Il y avait des matelas posé sur le sol, un peu partout, mais elle n'avait pas envie d'être au milieu de la foule, elle préférait être un peu à l'écart.

Ce sursaut, il l’avait attendu. C’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle il n’avait pas fait connaître sa présence auparavant. Pour la surprendre, la faire patienter et s’impatienter jusqu’à ce qu’elle soit dans ses bras à nouveau. Ces deux jours avaient paru si longs, si vides. Alors, retrouver son contact si délicat lui donnait presque l’impression de revivre. Il échappa à léger rire à cette réaction avant qu’elle ne se retourne après l’avoir reconnu. Ouf, il ne s’était pas trompé de blonde. Bien sûr que non. Son instinct ne le trompait jamais pour ce genre de chose. C’était bien elle, qui se mit sur la pointe des pieds, toujours aussi adorable, pour l’embrasser et le saluer. Puis l’enlacer de ses bras avant de lui avouer qu’il lui avait manqué. Il sourit. Encore. C’était habituel chez eux, ce manque presque incessant, cette envie d’être avec l’autre, ce besoin d’être avec l’autre. C’était dans leur nature, mais sans doute aussi à cause d’une peur de se quitter trop longtemps et de revivre cette absence insupportable qui avait trop duré. « Tu m’as manqué aussi. » Il déposa ses lèvres sur son front, une habitude qui trahissait une affection plus profonde qu’une simple envie de partager des moments intimes avec elle. Après tout, il était prêt à sortir en plein mois de novembre, sous le ciel étoilé et glacial, juste pour profiter d’une soirée en sa compagnie. Et en extérieur ! Autant dire qu’il avait vraiment envie de lui faire plaisir, parce que, l’observation des étoiles et le manque de confort, ce n’était pas du tout son truc. Elle se recula un instant pour le regarder, sans doute pour critiquer sa tenue. Pas manqué. Elle sourit, lui aussi. « J’ai pris une couverture, sinon je compte bien sur toi pour être ma bouillotte du soir. » Un sourire espiègle. Une référence à ce qu’elle avait pu lui dire, un jour, sans doute plusieurs, lorsqu’ils étaient restés enlacés toute une nuit. Puis il se laissa guider une fois la couverture laissée au sol ramassée. Est-ce qu’il s’y connaissait en étoiles ? Elle devait bien se douter de la réponse. « Ah non j’y connais rien du tout, je comptais sur toi ! » Un baiser furtif avant qu’elle lui prenne la main pour l’entraîner ailleurs, dans un coin moins peuplé, choix qui ne l’étonna pas. « Tu m’as jamais montré tes dessins... » Ou comment l’inviter de façon peu subtile à dévoiler cette partie d’elle. En réalité, ils n’avaient jamais vraiment eu l’occasion puisqu’ils ne s’étaient pas fréquentés si longtemps, malgré une relation complexe. D’où la relation complexe d’ailleurs. Puis il finit par s’asseoir en l’invitant à faire de même, pour qu’ils puissent rester là, enlacés, et profiter de l’instant présent. Tant pis s'ils ne reconnaissaient pas les étoiles et constellations.

Son sourire était éblouissant, comme celui de Nate d'ailleurs. C'était fou à quel point, ils avaient du mal à rester loin de l'autre… Il lui manquait après quelques heures seulement. Elle s'en sortait évidemment, elle n'avait pas non plus besoin d'être avec lui en continu, mais elle aimait être avec lui, c'était ça qui importait. Quand il lui avoua qu'elle lui avait manqué, son cœur manqua un battement et elle lui vola un nouveau baiser. Elle ne put évidemment que se moquer un peu de lui, parce qu'il était peu habillé. Sa réponse la fit rougir, être sa bouillotte du soir… "C'est plutôt toi qui est une bouillotte en général… Mais si tu as une couverture, c'est déjà pas mal. On s'emballera dedans." Il la récupéra d'ailleurs et puis se laissa entraîner. Elle avait envie d'être un peu à l'écart pour être juste avec lui, malgré la foule présente à cet événement. Et puis, c'était aussi une façon de se mettre un peu en sécurité. C'était le premier événement auquel elle participait après la prise d'otage et ça la stressait un tout petit peu quand même. La Rose Lunaire s'était faite calme ces derniers temps, mais ils n'avaient pas disparu, c'était une certitude pour la jeune femme. Elle se laissa distraire avec plaisir par la réponse de Nate, il n'y connaissait rien non plus, tant pis. Ils les observeraient tout simplement, sans chercher à connaître leurs noms. Ils s'installèrent tous les deux sur un matelas et elle sourit à son affirmation. Se plaçant contre lui, elle déplia la couverture pour la mettre sur leurs épaules à tous les deux. "Non, c'est vrai. Je te les montrerais si tu veux. J'en ai des carnets pleins. J'en ai même un dans mon sac, mais tu ne verras pas grand-chose vu qu'il fait nuit." Elle posa sa joue sur son épaule et leva la tête pour observer la nuit, les étoiles qui brillaient. "A New-York, on ne voyait jamais les étoiles, bien trop de pollution lumineuse… la seule fois où j'ai pu les observer depuis le toit de mon immeuble, c'était durant un black-out en plein hiver. C'était fou, le silence qui entourait la ville réputée pour ne jamais dormir. On aurait dit que la vie s'y était arrêté." Ca avait été une nuit un peu magique. La neige recouvrait tout, l'électricité ne fonctionnait pas et le ciel brillait de ses milles couleurs. "Il faisait froid par contre." Portant sa main à son cou, elle se mit à jouer avec son pendentif, celui qu'il lui avait offert et qu'elle ne quittait plus, à nouveau. "Je te montrerais les portraits de toi, nus…" Un petit souvenir de leur retrouvaille et de quand elle s'était un peu moquée de lui à ce sujet pour le faire réagir ! La seule fois où elle avait pu impliquer une légère gêne chez son amant.

A présent qu’ils s’étaient retrouvés, ils ne se séparaient plus. Nate avait envie de la garder contre lui dans la fraîcheur de ce début de soirée, qu’elle devienne sa bouillotte en quelques sortes. Et il ne se priva pas pour lui dire, sachant pertinemment qu’elle rougirait à la remarque. Pas manqué. Dommage pour elle, le brun pouvait encore le voir malgré l’obscurité et ce sourire espiègle ne le quittait pas. Une fois à l’écart, ils purent s’installer sur un matelas tranquillement. Bien au chaud avec la couverture de Nate, l’un contre l’autre. Ils parlèrent dessins, les siens, que le brun n’avait jamais vus. « Tu me le montreras à la maison. » Un sourire timide qu’elle ne verrait peut-être pas. Il disait ça comme si c’était leur endroit, leur maison, leur chez eux. Sacré Nate. On dirait presque qu’ils étaient ensemble depuis des mois et pas quelques semaines à peine. Puis elle évoqua New York alors qu’elle déposa sa tête contre lui. Une grande ville, rien à voir avec Redwood Hills. Même si cette petite ville restait agréable à vivre la plupart du temps. « Ça te manque pas, parfois, l’effervescence d’une ville comme New York ? » Lui, ça lui arrivait de temps à autre avec Détroit. Pas longtemps, quand il se rappelait les souvenirs qui l’avaient fait fuir. Mais ça lui donnait tout de même l’envie de changer de décor, et pourquoi pas avec Casey le temps de quelques jours ? « Comme ce soir. » ria-t-il lorsqu’elle évoqua la fraîcheur de l’événement. Pourtant, ce ne fut certainement pas la remarque qui le fit le plus sourire. Un instant de silence et il lâcha un rire, sans doute aussi nerveux que spontané. « T’en as vraiment fait ? » Il retrouvait cette sensible agitation de l’époque. Est-ce qu’elle avait osé ? Nate finissait par douter puisqu’elle lui avait déjà prouvé qu’elle pouvait être bien plus que cette ingénue rougissante. Et il avait ce regard aussi curieux qu’impatient de connaître la réponse tant attendue et presque redoutée.

Installés l'un contre l'autre avec la couverture de Nate autour d'eux, elle se sentait bien, au chaud et protégée. Nate avait ce pouvoir étrange sur elle, toujours. Toujours, même après tout ce qui s'était passé. Ils parlèrent de ses dessins et elle hocha la tête. "Oui, bien sûr." A la maison… ça sonnait bien. Ça sonnait même plus que bien, mais elle n'ajouta rien, elle sourit juste contre lui. Parce qu'ils étaient là, à la base, pour regarder les étoiles, elle en parla tout en partageant une anecdote, la seule fois où elle avait pu observer les étoiles dans cette mégalopole. Elle haussa les épaules à sa question. "Parfois un peu. Ce qui me manque le plus… je dirais que c'est le service de livraison de repas." Elle rit avec lui quand il évoqua le froid et elle hocha la tête. "J'avoue qu'il fait bien froid." Parce qu'ils étaient tous les deux caché sous la couverture, elle se serra un peu plus contre lui en souriant et décida de le gêner un peu. Elle se rappelait parfaitement qu'elle avait réussi en évoquant des dessins de lui, nu. C'était la seule fois qu'elle avait réussi à le mettre légèrement mal à l'aise… pourquoi ne pas en profiter pour recommencer ? Elle remit donc le sujet des dessins sur le tapis en lui disant qu'elle lui montrerait les portraits faits de lui… ceux qu'elle avait fait de lui, nu. Elle se redressa un peu pour l'observer quand il lâcha un genre de rire nerveux et lui sourit. "Peut-être bien…" Elle s'accrocha à lui pour poser un baiser léger sur ses lèvres. "Mais promis, ils sont en sécurité et pas dans un carnet que j'emmène partout avec moi… trop de risques de le perdre." En avait-elle fait ? Il le saurait peut-être un jour. À vrai dire, elle en avait effectivement fait un… peu après lui en avoir parlé, juste pour pouvoir lui prouver un jour qu'elle l'avait fait. Ce n'était pas son point fort les nus, mais elle en avait eu fait en cours de dessin, il lui avait d'ailleurs fallut plusieurs séances pour pouvoir vraiment observer la demoiselle en question et puis l'homme également. Même si c'était des modèles et qu'ils avaient l'habitude d''être scruté. "Je l'encadrerais pour que tu puisses le garder…" Elle rit. "Il manque plus que je te vois rougir…" Elle se serra contre lui, amusée et heureuse.

Cet événement, ces étoiles, c’était surtout une façon pour Nate de la retrouver. Il n’était pas particulièrement adepte d’astronomie, n’y connaissait rien à vrai dire et ne trouvait aucun réconfort à passer du temps en extérieur ainsi. Mais pour Casey, c’était différent. Et l’avoir contre lui suffisait à rendre cet instant remarquable. Elle lui montrerait ses dessins, une fois à la maison. Il n’avait même pas fait attention à cette façon de lui parler, comme si elle faisait déjà partie du foyer. C’était tout comme, vu le temps qu’elle y passait. New York lui manquait, un peu, parfois. C’était normal, en tout cas d’après Nate. Il échappa un léger rire lorsqu’elle évoqua ce qui faisait plus défaut à Redwood Hills à côté : le manque de livraison de repas. « Ah bon ? Je vois pas du tout pourquoi tu dis ça... » Il avait ce sourire et ce regard rieurs. Elle ne savait pas cuisiner, lui non plus. Ils faisaient bien la paire. Mais ce ne serait sans doute pas la discussion de la soirée puisque la jeune femme relança une vieille promesse. Des dessins de lui qu’il ne voudrait sans nul doute pas voir dans n’importe quelles mains. Son rire trahit une légère gêne, si bien qu’elle s’empressa de l’observer. Dans l’espoir peut-être de voir ses joues se colorer ? Mais il lui en faudrait bien plus. Bien plus que ces dessins, même au pluriel. Enfin, aurait-il le même discours avec les preuves en main ? C’était soudainement moins certain. « J’espère bien que tu les emmènes pas partout ! » Imaginez qu’elle en perde un à l’université. Un cauchemar. « Tu voudras que je le mette sur mon bureau à l’université ? » Ironique, bien entendu. Entre la gêne et le narcissisme d’avoir un tel dessin sur son propre bureau… non merci. Même si le narcissisme n’avait jamais dérangé le professeur. La jeune femme se serra contre lui, dans l’espoir de le voir rougir. « Ma pauvre, tu vas être déçue. Tu me verras jamais rougir... » Qu’il dit ça, en chuchotant à son oreille avant de poser ses lèvre sur sa joue. Il était aussi convaincu qu’elle ne parviendrait jamais à instiller assez de gêne chez lui pour en voir les marques sur son visage. Ce serait même elle qui en rougirait.